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Le
Seigneur des Anneaux - Le Retour du Roi
L'événement B.O.F de la fin d'année 2003, c'est
Howard Shore qui nous l'offre avec le troisième volet du
score musicale du Seigneur des Anneaux. Et c'est en grandes pompes
que l'orchestre philarmonique de Londres fête le retour de
son Roi... Petite revue de détails, titre par titre. |
Chanson
n°1 : A Storm Is Coming
Le thème d'ouverture a été légèrement
modifié : nettement moins mystique et plus mélodieux.
Une bonne surprise, même si la musique de l'apparition du titre
reste la même (c'est comme l'ouverture de Star Wars : ça
ne se change pas !).
La suite est une variante du thème de la Comté, joyeuse,
avant que le hobbit Deagol ne découvre l'Anneau. Le thème
du bijou revient alors en force, dans une version plus éraillée.
La musique s'emballe au rythme de l'affrontement des deux cousins, Deagol
et Smeagol
Tétanisant. En un titre, le ton du CD est donné
: entre Enfer et Paradis, cette B.O.F là va déchirer !
Chanson n°2 : Hope and Memory
Le nouveau thème apparaît enfin. Et mazette que c'est chouette
! En fond sonore, le thème de la communauté à moitié
reformée (il manque deux membres) vient bercer le tout. Miam.
Chanson n°3 : Minas Tirith
Au milieu d'une musique sinistre (Pippin découvre le Palantir),
un chant d'enfant jaillit, cristallin. Le thème du Gondor résonne,
impérial, pour servir la découverte de Minas Tirith. La
B.O.F atteint déjà un point de non retour dans le sublime,
à la hauteur de La Marche des Ents de TTT. C'est
sûr, avec une musique comme ça, on n'est pas près
de l'oublier, ce panoramique circulaire de Minas Tirith !
Chanson n°4 : The White Tree
La musique navigue entre la légèreté des hobbits
avant de virer dans un registre beaucoup plus grave et solennel. Une
scène d'ores et déjà anthologique que celle du
travelling aérien des feux de détresse : ébouriffant.
Ici, la maestria de Jackson est renforcée par la musique de Shore.
Et l'alliance des deux t'en fout plein les oreilles. On en redemande.
Chanson n°5 : The Steward of Gondor
Un instrument aux résonances péruviennes (flûte
?) fait son apparition pour nimber le départ de Faramir d'une
aura tragique. Insolite mais poignant. Le thème du Gondor, assourdi
raisonne une dernière fois pour saluer le héros. La musique
sert ici à approfondir ce que PJ a esquissé dans le film,
à savoir le caractère de meneur de Faramir. Dans toute
cette tristesse perce la voix de Billy Boyd, d'abord en acapella puis
accompagné d'un crescendo inquiétant - qui souligne bien
l'inexorabilité du destin de Faramir et l'échec auquel
est voué la reconquête d'Osgiliath. Une tristesse ineffable
se dégage de la litanie de Pippin et l'émotion affleure
doucement
Chanson n°6 : Minas Morgul
Ca commence très fort
Frodon poursuit sa quête en
Mordor et la musique l'accompagne en conséquence dans sa découverte
de la cité du Roi Sorcier. Saroumane n'est plus mais la menace
de Sauron est toujours présente. Une autre version des chansons
que l'on peut entendre sur la B.O.F de FOTR et de TTT,
mais qui prend ici une toute autre ampleur. Plus approfondie, plus violente,
pour en rajouter une couche quant aux périls qui attendent le
porteur de l'anneau et son jardinier préféré.
Chanson n°7 : The Ride Of The Rohirrim
Retour à Edoras pour nos héros. Le thème du Rohan
de TTT est ici légèrement modifié (joué
plus rapidement, notamment)
La chanson se révèle
tour à tour amère et héroïque.
Chanson n°8 : Twillight and Shadow
On retrouve avec plaisir le thème des elfes. La voix féminine
se révèle bouleversante, comme l'est tout autant le songe
d'Arwen. Sortez les kleenex...
Chanson n°9 : Cirith Ungol
Frodon, Sam et Gollum continuent l'ascension du Mont Cirith Ungol. Au
fur et à mesure que le titre gagne en intensité, l'héroïsme
de l'acte se transforme en un sacrifice, et la musique devient beaucoup
plus grave, aussi abrupte et tranchante que la pierre de Cirith Ungol.
Chanson n°10 : Anduril
Alors qu'Aragorn assume sa condition d'héritier du trône
du Gondor - et tout ce que cela implique, dont son départ pour
le Chemin des Morts -. On entend à nouveau les churs de
Fondcombe : on retrouve ce mélange de musique solennelle et de
poésie qui a fait le succès des bandes originales du
Seigneur des Anneaux.
Chanson n°11 : Shelob's Lair
Arrivée dans le repaire d'Arachnée (Shelob's Lair,
en V.O.) : la musique devient sournoise, effrayante, et part dans un
crescendo de terreur et d'urgence à mesure que le piège
de Gollum se referme sur Frodon. A la fin, ça vire à des
hurlements de violons qui n'ont rien à envier à ceux de
Psychose. Stressant. Une musique d'épouvante parfaitement
maîtrisée - on croirait du Elfman période Sleepy
Hollow - qui trouve son équilibre entre les actes héroïques
du hobbit et la terreur qu'inspire Arachnée.
Chanson n°12 : Ash and Smoke
La guerre pour la Terre du Milieu ne fait que commencer. Le siège
de Minas Tirith également, l'ampleur de la scène étant
renforcée par des churs adamantins, cristallisant l'attention
et les émotions de l'auditeur. L'effet recherché est atteint
: on est subjugué.
Chanson n°13 : The Fields of the Pelennor
La bataille se poursuit, avec tout ce que cela comporte d'orcs déchaînés
et de troupeaux d'oliphants. Soudain jaillit un chur foudroyant
qui, en se saccadant, gagne en intensité. La musique héroïque
revient à la charge pour terminer le track. Du pur Shore.
Chanson n°14 : Hope Fails
Rien à dire de particulier sinon qu'il est souvent question d'espoir
dans la saga (comme dans le titre des chansons de la B.O.F).
Chanson n°15 : The Black Gate Opens
Le retour de la flûte aux résonances péruviennes
peut paraître déplacé car soulignant inutilement
le côté dramatique de la scène. Mais il disparaît
vite, au profit d'un chur (encore et toujours) solennel, puis
d'un air beaucoup plus léger, avant que tout ne se fonde en une
seule mélodie, majestueuse.
Chanson n°16 : The End of All Things
Dès la première seconde, les choeurs se déchaînent,
histoire de bien faire prendre conscience à l'auditeur que, ça
y est, la quête arrive à son terme, la mission de Frodon
également. C'est maintenant que tout va se jouer, aux crevasses
du Destin. Soudain, une voix elfique jaillit, comme un morceau de Paradis
en plein milieu de l'Enfer. Sortie de son contexte, elle donne à
la scène un ton de mauvais rêve. Stupéfiant. Les
churs reviennent à la charge, encore plus effroyables,
si besoin est. La voix elfique clôt la chanson sur une note languissante.
Au loin, on entendrait presque fredonner les Doors : "Here is
the end"...
Chanson n°17 : The Return of the King
Fini ? Pas tout a fait. Les ténèbres sont passées,
le temps des retrouvailles est venu. Une fois cette aurore musicale
parvenue à son terme, le thème de la communauté
retentit, suivi de celui des hobbits. Ces deux thèmes semblent
arrivés à maturité et s'épanouissent enfin.
Le thème du Gondor couronne Elessar, dans une version plus courte,
afin de laisser à Viggo Mortensen le soin de pousser la chansonnette.
On avait déjà entendu dire qu'il avait des talents de
chanteur, et cette courte litanie le prouve. Il est beau comme un Dieu,
il joue, et en plus, il chante drôlement bien ! On devrait enfermer
ce mec pour concurrence déloyale à toute la gente masculine
! Blague à part, sa chanson est aussi courte qu'apaisante, et
dégage un lyrisme inattendu. Le thème de Arwen - poussé
à son paroxysme avec la blessure de Frodon dans FOTR -
revient ici, plus apaisé, annonçant l'arrivée (surprise)
de l'Etoile du Soir à Minas Tirith. Le romantisme reprend ses
droits pour illustrer le baiser entre les deux amants retrouvés.
Mais nos hobbits, dans tout ça ? Home sweet home ! Leur
retour au pays est illustré par le thème de la Comté,
inchangé. Certains trouveront toujours que ça a des faux
airs de Titanic (renforcé par le fait que Bernard Hill
vient à nouveau de crever, mouarf), mais merde, c'est si bon
de rentrer chez soi !
Chanson n°18 : The Grey Havens
C'est aux Havres Gris que se clôt cette saga gigantesque. La musique
d'adieu navigue entre le thème des hobbits et celui de la Communauté,
mais nettement moins rapide
Au loin, les navires disparaissent.
On s'attend à entendre Enya nous fredonner son "May It
Be"
mais non, c'est Annie Lennox qui prend le relais.
Chanson n°19 : Into the West
La chanson finale calibrée 'variété' est souvent
un passage obligé de la B.O.F (remember l'atroce track
karaoké de Dracula). Pour les deux premières B.O.F
du SDA, on avait plutôt été gâté,
avec le joli "May it be" d'Enya et le "Gollum's
Song" d'Emiliana Torrini. Mais là, ça ne passe
pas. "Into the west" sent bon la putasserie marketing
pour faire vendre plus de gallettes. Pas tant que le morceau est raté
de bout en bout - l'air est agréable et la voix d'Annie Lennox
somme toute assez jolie -, mais quand la dite chanteuse se met à
brailler entre deux couplets, c'est éprouvant pour les oreilles.
Qu'on la sorte ! C'est le genre de putasseries qui va faire vieillir
ce CD plus rapidement qu'il ne devrait et qui clôt cette Opéra
de l'Anneau sur une note discordante. Dieu merci, ça se termine
avec du pur score musical, comme si Howard Shore, pour s'excuser, nous
balançait quelques secondes de musique pure qui ne parviendront
pas à faire oublier l'outrage.
Pour
conclure...
Dans l'ensemble, ce score est à la hauteur de ses deux prédecesseurs
: une petite merveille, qui navigue entre des titres solennels et une
légèreté bienvenue, comme ses héros entre
les fournaises du Mordor et les champs bucoliques de la Comté.
Au final, on ne peut que saluer le boulot d'Howard Shore dont la partition
musicale s'avère être à l'image du film : grandiose
sans être pompeuse, envoûtante sans être neurasthénique,
émouvante sans être larmoyante. Vivement les appendices

* les choeurs
* les voix elfiques
* Howard Shore (you're the best, man !)

* les gueulantes d'Annie Lennox

les premières B.O.F de La Communauté de l'Anneau
et de Les Deux Tours, alors ce score là est IN-DI-SPEN-SABLE
!!! A conseiller plus particulièrement aux rôlistes (parfait
pour l'ambiance d'un RPG AD&D ou SDA), aficionado d'heroïc-fantasy
(pour bercer vos lectures), tolkieniste (on ne se refait pas) ou tout
simplement mélomane (Howard Shore, c'est pas du boudin)...

Entre Enfer et Paradis, Howard Shore clôt son opéra de
l'Anneau par une partition pour les réunir toutes (les thèmes
musicaux, j'entends). Sa musique est tour à tour céleste,
lyrique, envoûtante, sincère, majestueuse, légère,
solennelle, épique
Endurcis s'abstenir, c'est beau à
pleurer.
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18,5/20
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Critique du film : ici.
