Le second volet de la franchise initié par Alain Goldman débarque au cinéma et il n'est pas peu dire que ces Anges de l'apocalypse sont loin de faire l'unanimité… Vu que l'avis est loin d'être un long fleuve tranquille et monochromatique, on a décidé de mettre à votre disposition une critique positive (signée par GrisFaust) et une négative (torchée par Diez). Et quoi de mieux que de l'eau écarlate pour nous débarrasser de ces deux tâches ? [NDLR : désolé, les gars, le jeu de mots passe avant tout...]


La région Lorraine : ses trésors enfouis, ses apôtres décimées, ses pêcheurs de crevette éparpillés, ses emmurées vivants, ses crucifiés dominicales, ses bijoutiers énucléés, ses nazis survitaminés… Un lieu de détente pour toute la famille dans un décor de rêve : lacs artificiels, tranchées inondées & monastères maudits (visites payantes).
Tarif réduit pour toute personne ayant un prénom à connotation religieuse.
Attention : risque d'apocalypse pendant la froide saison.

POUR

En France, il est interdit d’emmurer vivant l’un de vos concitoyen (vous êtes désormais avertis). Le commissaire Niemans (rescapé des Rivières Pourpres), commence son enquête en tentant d’arrêter une personne ayant manifestement contrevenu à cette loi. Il croisera sur sa route un ancien élève, des moines-ninjas, des nazis, Jésus et Johnny Hallyday !

Deuxième épisodes des aventures du commissaire Pierre Niemans destinées à devenir une trilogie, Les Anges de l’apocalypse réalisé par Olivier Dahan s’avèrent être un spectacle efficace et satisfaisant, mais qui souffre un peu de la comparaison avec le premier épisode, si comme moi vous l’aviez apprécié. Il n’est cependant pas nécessaire d’avoir vu Les Rivières Pourpres de Kassovitz pour pouvoir apprécié pleinement ce second opus. Néanmoins, établir un petit comparatif peut se révéler intéressant.

Au niveau de l’histoire, Jean-Christophe Grangé laisse la place à Luc Besson (on perd au change) et la sombre machination d’eugénisme est remplacée par la recherche d’un trésor sacré/caché et l’élimination de témoins gênants. Même si Besson arrive à nous intriguer grâce à une histoire pas trop mal ficelée et en respectant les codes établit par Grangé et Kassovitz, le résultat est plus académique, cause en est la relation tendue entre Niemans et son adjoint (Cassel dans le 1 Magimel dans le 2) qui vire dans Les Anges de l’apocalypse à un buddy-movie des plus conventionnel. Si il y a plus d’humour (et encore, Dahan a viré plusieurs pages de gags des dialogues originales), le scénario est moins fin, moins ambigu, et la conclusion est un peu vite expédié (mais je parie que pas mal de personnes préférerons ce dénouement, à celui du premier qui n’était pas facilement compréhensible à la première vision) !

Au niveau de la réalisation, Olivier Dahan se révèle être un honnête artisan, à l’univers visuel très fouillé et très différent de celui de Kassovitz. Le film possède une atmosphère gothique et humide, en parfaite adéquation avec l’histoire. La caméra en mouvement perpétuelle (même pendant les panoramiques impressionnants), louche du côté de McTiernan pendant les scènes d’actions. Les poursuites, bastons et fusillades sont rondement menées et visuellement innovantes. Malheureusement, on ne ressent pas toujours la même rigueur et le même souci du détail du point de vue de la direction d’acteur parfois très approximative (Camille Natta, peu crédible). Si quelques guest-star comme Johnny Hallyday et surtout Christopher Lee font des apparitions intéressantes, le film repose essentiellement sur Jean Reno et Benoît Magimel.

Jean Reno reprend son rôle avec son professionnalisme habituel, quant à Magimel (dans un rôle équivalent à celui de Cassel), il se révèle aussi convaincant dans les scènes physiques que dans la comédie. Les mélomanes regretterons l’absence de Bruno Coulais, ici remplacé par Colin Towns, qui signe toutefois, une partition très correcte.

Comme pour Les Rivières Pourpres, nous avons affaires à un thriller nerveux et assez gore, proposant quelques bonnes scènes d’actions (à ce sujet, la suite plagie quelque peu sa préquelle), partant sur la fausse piste du Serial-Killer pour aboutir sur un complot de plus grande envergure. Chacun des deux metteurs en scène s’appropriant l’histoire en y incorporant son univers visuel, un peu comme chaque épisode de la saga Alien. C’est Florent Emilio Siri (le très bon Nid de guêpe) qui bouclera cette trilogie, avec on l’espère autant de bonheur... wait and see !

GrisFaust

CONTRE

Désolé, Grif, mais ils m'ont un peu déchu, moi, ces anges là… Il y a bien quelques scènes intéressantes (limite trépidantes, même) à sauver dans cette séquelle… Il y a bien cette volonté louable de nous fournir une franchise de thrillers camembert et d'en profiter, au passage, pour nous faire découvrir les régions cachées de notre douce France (après les Pyrénées, la Lorraine… à quand la Corse ? histoire d'affronter les indépendantistes de l'apocalypse ?)… Il y a bien un postulat de départ intéressant -les apôtres décimés par des soutanes/Nazguls/yamakasis-… Il y a bien le charisme sanguin de Benoît Magimel, qui vaut à lui seul le déplacement (m'enfin, ça, je l'avais déjà dit pour Effroyables Jardins) et la présence, en guest-star, de ce monstre de présence qu'est Christopher Lee…
Mais même avec toute la bonne volonté du monde, je ne pourrai pas fournir une critique positive de ces Purples Rivers Two : Angels of ze Apocalypseuh … Et pour cause : je me suis fait chier comme un rat mort durant la projection…

Si le premier opus avait l'avantage de distiller une ambiance angoissante grâce à un clacissime à la fois baroque et feutré et une photo soignée, le second se vautre lamentablement quant il s'agit de nous arracher des sueurs froides -remarque, un bâillement, c'est déjà pas mal-… On entend le père Dahan d'ici : "Atmosphère, est-ce que j'ai une gueule à faire des films d'atmosphère ?"
Et puis, merde, un film qui s'appelle Les rivières pourpres, ils auraient quand même pu être moins radins sur la pompe à hémoglobine, parce que niveau passages gores, ça tient davantage du ruisseau (limite compte-gouttes).
Vu que c'est pas non plus très folichon du côté de la direction d'acteurs, on se rabattra donc, non sans dépit, sur les gunfight, l'action étant davantage présente que chez Kassovitz. Hélas, les passages qui bougent sont désamorcés par une partition musicale inappropriée (pas besoin de nous lâcher les trompettes quand Magimel gravit une échelle, merde !) et un montage qui échoue à mettre en valeur la mise en scène hachée du Sieur Olivier Dahan. Un Olivier Dahan qu'on aime bien mais qui finit par devenir pénible à force de faire bouger sa caméra dans tous les sens, et ce à tout bout de champ. Franchement, il a tort de faire son fier, en proclamant à qui veut l'entendre qu'il en a rien à foutre des story-board. Y a l'instinct et le bâclage, mon petit Olivier, et n'est pas McTiernan qui veut.

La tare principale du film restant le scénario. C'était déjà pas fameux dans l'épisode n°1 (une synthèse foirée de l'excellent roman de Grangé), là, ça tourne carrément au marasme. La faute à un Luc Besson qui, au lieu de chercher à tout prix la réplique poilante pour détendre une atmosphère déjà pas très tendue, ferait mieux de soigner ses dialogues, d'éliminer les invraisemblances et d'éviter de chercher l'efficacité à tout prix, au dépit de la crédibilité. Ca nous évitera des scènes d'action gratuites, comme ce combat qui oppose Réda à un pauvre dealer qui ne demandait rien à personne (si on a plus le droit de tabasser sa copine, mais où va-t-on ?), et qui renvoie directement à celui opposant Kerkérian à des skinheads dans Les premières Rivières Pourpres. C'est superflu… quoique, somme toute, assez sympa à regarder, avouons le.

Bref, constat tristounet : ces Anges là se déchaînent très sagement, et le film tient davantage de l'invitation au roupillon que du thriller poisseux, underground et bien secoué qu'on attendait. Du coup, après un premier opus foiré sur les bords et un second sur toute la largeur, on espère du fond du cœur que Florent Emilio Siri (la claque Nid de Guêpes) rehausse le niveau de cette franchise, jusqu'à là pas très folichonne. Et puis, succès ou pas, on s'arrête à trois, hein ! Faudrait pas nous les tarir, ces Rivières là… #


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Les Rivières pourpres 2 - Les Anges de l’apocalypse

Film français (2004). Policier, Thriller, Action. Durée : 1h 40mn.
Interdit aux moins de 12 ans
Date de sortie : 18 Février 2004

Thriller. Durée : 1h40mn.

Réalisation, production, distribution
Réalisateur : Olivier Dahan
Scénariste : Luc Besson
Producteur : Alain Goldman
Exportation/Distribution internationale : Légende Entreprises, France.
Production : Légende Entreprises, EuropaCorp, Filmauro, Epica Ltd.
Distribution : EuropaCorp Distribution,

Acteur(s)
Jean Reno : le commissaire Pierre Niemans
Benoît Magimel : le capitaine Reda
Camille Natta : Marie
Christopher Lee : Emerich
Augustin Legrand : Jesus
Serge Riaboukine : Père Vincent
André Penvern : Père Dominique
Avec la participation amicale de Johnny Hallyday
Et la participation de Gabrielle Lazure

Equipe Technique
1er assistant réalisateur : Mathias Honoré
Régisseur général Sylvain : Boudadoux
Directeur de la photographie : Alex Lamarque
Ingénieur du son : Laurent Zellig
Directeur du casting : Olivier Carbone
Chef décorateur : Olivier Raoux
Compositeur : Colin Towns