Tu as acheté une coccinelle après avoir vu Un amour de coccinelle ? Tu as repeins ta Fiat Punto d'un rouge vif après le visionnage de Christine ? Tu as customisé la dite Fiat Punto en ressortant d'une salle de ciné qui projettait Fast & Furious ? Alors un bon conseil : ne va pas voir Michel Vaillant. Sinon, tu vas raquer sévère...


"Michel aime les voitures. Et les voitures le lui rendent bien. D'ailleurs, il gagne toutes les courses (oui, il est pilote automobile… 'virtuose', précise le synopsis). Du coup, une écurie rivale (spécialistes en 4 chevaux… mouarf !), les Leader, ils n'aiment pas Michel. Ils sont méchants, en plus, parce que c'est des anglais (et les anglais sont méchants, c'est bien connu, sinon, pourquoi on aurait fait la guerre de 100 ans, hein ?). C'est dommage, parce que Michel, lui, il aime bien tout le monde. D'ailleurs, avant chaque course, il va discuter avec un chaman indien pour savoir si le circuit lui sera favorable. C'est un 'spirituel', Michel. Limite écolo. Seulement, à cause de Michel et du dioxyde de carbone que relâche les gaz d'échappement de la voiture de Michel, la couche d'ozone en prend un sacré coup à chaque rally. La couche d'ozone, qui n'aime ni Michel, ni les Leader, ni aucun automobiliste, d'ailleurs, déclenche un grand cataclysme. Tout le monde meurt, sauf Greenpeace. Fin." (Michel Vaillant rêvé par Diez)

Il y a un effet pervers à passer une bande-annonce d'un futur chef-d'œuvre avant un film médiocre (j'utilise ici l'adjectif qualificatif 'médiocre' au sens premier, c'est-à-dire 'moyen').
Prenons le cas de Michel Vaillant. Précédant la projection du film, la toile accueille la bande-annonce du Retour du Roi. Le Retour du Roi, pour ceux qui ne suivraient pas, c'est un putain de gros morceau de bravoure de trois heures et des poussières, St Graal de toute une génération de cinéphages. Après ces trois minutes 'de toute beauté', comme dirait le petit chauve, comment voulez-vous que le spectateur lambda ait la plus petite envie d'assister à la projection de Machin Vaillant ? Hein ? Dites ? Je vous le demande ?
Moi-même qui vous parle en ce moment, j'étais prêt à quitter la salle, parce qu'entre nous, ces images là sur grand écran, ça valait bien le prix de la place.
Pourtant, impossible de reculer ! J'étais là en mission recommandée pour Tribaal : je devais sacrfier 2h de mon temps à visionner la dernière production EuropaCorp, répondant au doux nom de Michel Courage (ou quelque chose dans ce goût là), réalisé par Louis Pascal Couvelaire, réalisateur de Sueurs, un film que j'aimerais bien dire qu'il déchire mais que je l'ai pas vu alors tant pis, pas de commentaires pour cette fois. EuropaCorp, pour vous situer, c'est la boîte à Luc Besson. On a encore vu aucun chef-d'œuvre sortir de cette boîte là (on attend toujours), tout au plus des sympathiques divertissements, des films d'auteurs singuliers et quelques bouses infâmes.
Mais... CHUT ! La B.A. du Retour du Roi est terminée, le film commence. Dès les premières minutes, ça part mal. Le montage est épileptique, le bandeau titre 'je vous explique le contexte' ô combien superflu… Dieu-qui-n'existe-pas soit loué, s'ensuit une séquence de course un poil plus intéressante. Les moteurs vrombissent, les soupapes s'échauffent, on sent déjà l'odeur de la gomme sur le bitume. Le mercure grimpe. Ca y est, on est dedans. Ca va secouer.
Tout juste, ça secoue. Deux voitures, aux couleurs des bonbons de l'Oracle (soit rouge et bleu) se rentrent dans le lard, violemment. La tôle se froisse, l'asphalte brûle, un des deux véhicules fait un vol plané spectaculaire n'ayant rien à envier aux carambolages hallucinants de Driven, avant de partir en fumée. Wouufff ! Réflexion faite, ce Michel Valium s'annonce peut-être moins mollasson que prévu... Mais la tension retombe brutalement. Tout cela n'était qu'un mauvais rêve, nous dit-on (le héros qui meurt dans les premières minutes, ça me semblait bizarre, aussi…). Suite à cette mise en bouche trippante dans les mesures du raisonnable, le film prend un peu plus de temps à démarrer.
Des scènes de bravoure comme celle là, il y en aura une poignée, disséminées à travers le métrage. Soyons francs : elles constituent le principal intérêt du film. Le reste - soit histoire, personnages, saga familiale -, on s'en bat la rate.

Le reste, c'est quoi ?
* la mise en scène de Couvelaire, lisse et aseptisée comme une carrosserie flambante neuve - les images semblent tout droit sortis d'un spot de pub pour Peugeot -, mais tirée vers le haut par un montage fluide et ingénieux, une photographie soignée et une B.O.F. audacieuse.
* une intrigue conventionnelle (quoique très 'BD')
* des acteurs - doués au demeurant -, ils se révèlent ici aussi charismatiques que des flamby (au vu de leur CV, on ne leur en tiendra pas grief)… Sagamore Stévenin, au hasard, se démène en vain à donner un peu de noirceur à son personnage de pilote de course sans peurs et sans reproches, alias la perfection faite homme (quoique, il se tape quand même la copine de son pote, l'enfoiré !). Avec un peu de recul, le côté volontairement manichéen, qui renvoie directement à la BD homonyme de Jean Graton (et dont le charme désuet ne cesse de nous ravir), est assez amusant.

Alors certes, les écolos que nous sommes (car nous sommes écolos, et oui !) devraient boycotter Michel Mabellesontdesmotsquivonttrèsbienensemble. Mais nous n'en restons pas moins des cinéphages, et surtout, n'oublions pas qu'en chacun de nous autres mâles virils [ben voyons… NDLR], un enfant sommeille. Et cet enfant là, devant ce genre de film, il te bouffe l'écran des yeux. Les acteurs falots, la mise en scène trop clean, le semblant d'intrigue, il s'en fout. Lui, il ne voit que les bolides lancés à pleine vitesse.
Alors amis internautes mâles à personnalités multiples, mettez de côté votre esprit critique et emmenez ce petit enfant voir Maurice Vaillant. Il prendra son pied et vous avec. Et entre nous, c'est nettement moins néfaste que Fast & Furious ! #


* fidèle à la BD
* rally, courses, 24h du Mans... yaaaaarg !!!!
* le montage, plutôt bien foutu (c'est le monteur attitré de Jean Pierre Jeunet qui tient le volant)
* la BOF (une bonne surprise)


* l'accent de Peter Youngblood Hills
* pas très original, tout ça, dites moi...
* les espèces de scènes à rallonge qui séparent chaque course


...la BD homonyme, les bolides lancés à pleine vitesse et les prod. de Luc Besson, Michel Vaillant est fait pour vous.


Le Michel Vaillant made in EuropaCorp débarque en salles. L'élite cinéphile criera au nanar ; les puristes de la BD et les fanatiques de courses automobiles y trouveront leur compte ; quant au spectateur lambda, il en aura pour son argent. A vous de voir dans quelle catégorie vous vous classez. Moi, c'est lambda.

13/20


Pas de commentaires pour le moment.


Michel Vaillant
Film français (2003). Aventure, Action. Durée : 1h 44mn. Date de sortie : 19 Novembre 2003Avec Sagamore Stévenin, Peter Youngblood Hills, Diane Kruger, Jean-Pierre Cassel, Béatrice Agenin
Réalisé par Louis-Pascal Couvelaire.

Réalisation, production, distribution
Réalisateur : Louis-Pascal Couvelaire
Scénariste : Luc Besson, Gilles Malençon
Producteur : Pierre Ange Le Pogam
Exportation/Distribution internationale : EuropaCorp Distribution, France
Production : EuropaCorp, France
Distribution : EuropaCorp Distribution, France

Acteur(s)
Sagamore Stévenin : Michel Vaillant
Peter Youngblood Hills : Steve Warson
Diane Kruger : Julie Wood
Jean-Pierre Cassel : Henri Vaillant
Béatrice Agenin : Elisabeth Vaillant
Philippe Bas : Jean-Pierre Vaillant
Pierre Lellouche : José
Lisa Barbuscia : Ruth
Jeanne Mauran : Odessa
François Levantal : Cramer
Stéphane Metzger : Hawkins

Equipe Technique

D'après l'oeuvre de Jean Graton, Philippe Graton
Compositeur : Archive
1er assistant réalisateur : Thierry Mauvoisin
Régisseur général : David Deshayes
Directeur de la photographie : Michel Abramowiczg