Bill : "Do you find me sadistic ? I bet I could fry an egg on your
head about now, if I wanted to. No Kiddo, I'd like to believe, even now, you're aware enough to know there isn't a trace of sadism in my actions... Okay - maybe towards these other jokers - bot not your. No Kiddo at this moment, this is me at my most masochistic.
"

The Bride : "Bill, I'm pregnant. It's your bab..."

"BANG !"

El Paso, un mariage et un massacre.
La mariée enceinte s'en est tirée à bon compte en tombant dans un coma de quatre ans après avoir été la cible d'une fusillade lors de son mariage. Les cinq impitoyables Deadly Viper Assassination Squad qui ont vidé leurs chargeurs, ce jour-là, dans cette petite chapelle perdue d'El Paso vont devoir lui rendre des comptes.
La Marieé aura la tâche extrêmement délicate en s'en prenant à des maîtres tueurs. Il lui faut un atout de taille et seul un sabre sacré d'Hatori Hanzo placerait La Mariée au même niveau que ses ex-collègues. La samouraï au sang froid plonge tête baissée dans un nid de vipères avec une détermination sans pareille.

Son point fort est aussi sa faiblesse : une détermination aveugle d'en finir coûte que coûte avec Bill...

"That woman deserves revenge.
And we deserve to die."
Budd

Début 2004, Nous étions ressortis des salles obscures zébrés de giclures de sang après le quatrième [demi] film de Tarantino. Première partie sensationnelle et interrompue dans son coït visuel, Kill Bill Volume 2 justifie toute l'œuvre, une véritable merveille du cinéma bis.

J'avais tout de même une crainte sur cette suite, car le film ayant été tourné d'un seul coup, on pouvait légitimement s'attendre à de la redite, à retrouver assez naturellement la même ambiance que le premier volet. C'est donc le sabre entre les dents que j'allais affronter le deuxième volume de Kill Bill. [pas pratique pour demander un ticket... NDLR]

Première surprise : assis dans l'une des plus belles salles d'Europe, d'après le caissier qui sait vendre son enseigne, nous pouvions admirer un Tarantino tenant triomphalement sa palme d'or. Une réclame [c'est comme ça qu'on appelle une publicité cheap] pour le festival de Cannes dont il est le président cette année. Si ça ce n'est pas du gentil conditionnement, alors je suis le lapin qui un jour a tué un chasseur. [tu nous en diras tant... NDLR] Cela dit, éteignons les lumières du plus beau complexe en béton du monde et parlons du quatrième film prime du président primé.

Kill Bill Volume 2 s'ouvre sur une scène à l'ancienne, en noir et blanc. L'héroïne nous parle les yeux dans les yeux au volant de son faux cabriolet, les cheveux dans le vent d'un ventilo et le décor filmé défilant en arrière-fond. Tarantino remonte ses champs Elysée de l'hommage et cette fois-ci la cavalcade sera plus américaine et chinoise que japonaise.

Deuxième surprise : la page du premier volet étant bel et bien tournée, le scénario se concentre sur l'éclaircissement des motivations des uns et des autres de façon simple, précise, concise, bien amenée et tout en tension. Du désert d'El Paso au Mexique, des attitudes ultra torchées aux règlements de comptes, Tarantino s'approprie en toute décontraction les valeurs du western-spaghetti. L'ombre des Peckinpah et autres Leone plane sur les Kill Bill.

Le réalisateur de Pulp Fiction s'est quelque peu débarrassé du style très référentiel du premier volume pour donner un peu plus de corps à la vengeance de la Mariée. Il s'appuie ici sur des dialogues excellents à souhait, bien juteux comme il faut, qui saisissent tout le sens artistique de Tarantino.

Les différentes rencontres entre les principaux protagonistes donnent ainsi lieux à de véritables condensés philosophiques sur la violence-fiction. Les réflexions abouties de Bill sur Superman sont certainement l'exemple le plus "visible" de la démarche du réalisateur. Ici le génie, c'est d'avoir compris l'essence même de cette culture de la parabole qui ne vise qu'à la perte de nos repères du quotidien pour un vertige complet au pays des bons, des brutes et des truands.

Toutefois, les Kill Bill évitent soigneusement de placer les personnages d'un seul côté de la barrière. Le Volume 2 confirme leurs petites ambiguïtés et leur confère une dimension plus dramatique que caricaturale.
On découvre une humanité sous l'écorce de la violence, un intérêt souvent bâclé par le genre. L'humour féroce du producteur d'Une Nuit En Enfer n'est pas en reste notamment lors de la rencontre du Maître Taï Peï et de la Mariée, ou de la confrontation entre la Mariée et Elle Driver. Les répliques sont toutes aussi cinglantes que leurs combats sont exagérément enragés. Ces mélanges antagonistes font de Kill Bill un film réussi tant sur la forme que sur le fond.

Le cheminement de la Mariée permet également à l'auteur de répondre d'une certaine manière à ses fantasmes assumés. On retrouve dans les flash-back chinois une mise en perspective et en modestie de l'héroïne face à ses modèles asiatiques. Une vision de néophyte passionné qui s'incline face à ses maîtres, ce n'est pas donné à tout le monde. Les dialogues et les scènes entre La Mariée et le maître Pei Mei en sont la parfaite illustration.

D'un point de vue technique, Tarantino fait figure de vieille école en n'utilisant aucune image de synthèse, en misant sur l'impact sonore, ou encore en reprenant à son compte les ombres chinoises. Peut-être est-ce voulu par le genre, un peu comme s'il avait voulu se mettre sur le même pied que les réalisateurs "septantards" qu'il honore, musiques incluses...

Les Kill Bill s'équilibrent, le deuxième volet est la définition complétée du premier, plus illustratif. Plus de trente ans d'un cinéma décrié, testostéronné à outrance, le tout mixé dans un double film qui se déroule exactement comme on le souhaite, ma foi, ça se fête et se refête sans modération. Et "Viva la série B !!!"


Blazcal


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"Now if any of you sons of bitches got anything else to say, NOW'S THE FUCKING TIME !!"
O-Ren Ishii

Kill Bill vol.2
Film américain (2003). Action, western, kung-fu, love-story. Durée : 2h 15mn. Interdit aux moins de 12 ans
Date de sortie : 17 Mai 2004

Réalisation, production, distribution
Réalisateur : Quentin Tarantino
Scénariste : Quentin Tarantino, Uma Thurman
Producteur : Quentin Tarantino, Lawrence Bender
Production : Miramax Films, U.S.A., A Band Apart, U.S.A.
Distribution : TFM Distribution, France

Acteur(s)
Uma Thurman : La Mariée alias "Black Mamba"
David Carradine : Bill
Michael Madsen : Budd alias Sidewinder
Daryl Hannah : Elle Driver
Gordon Liu : Pei Mei
Michael Parks : Esteban Vihaio / Sheriff Earl
McGraw : Bo Svensonle pasteur
Samuel L. Jackson : l'organiste
Vivica A. Fox : Vernita Green alias "Vipère Cuivrée"
Lucy Liu : O-Ren Ishii alias "Mocassin d'Eau"
Julie Dreyfus : Sophie Fatale
Sonny Chiba : Hattori Hanzo
Chiaki Kuriyama : Go Go Yubari

Equipe Technique
Compositeur : RZA, Robert Rodriguez, Ennio Morricone
Directeur de la photographie : Robert Richardson
Costumière : Kumiko Ogawa, Catherine Marie Thomas
Maquilleur : Gregory Nicotero
Directeur artistique : Daniel Bradford
Chef décorateur : Yohei Taneda, David Wasco
Producteur exécutif : Erica Steinberg, Bob Weinstein, Harvey Weinstein
Chef monteur : Sally Menke
Réalisateur de 2nd équipe : Yuen Woo Ping