

Alors,
voilà, un matin, vous prenez votre voiture, et là,
c'est le drame : RIIII !! BIG BADABOUM ! vous avez un accrochage
avec un autre véhicule. Bon, jusque là, c'est bénin.
Ca vous fera quelque chose à raconter à votre épouse
en revenant chez vous. Evidemment, si vous êtes en pleine
instance de divorce et que cet incident vous a fait rater votre
rendez-vous au tribunal - et de ce faite, perdre le droit de revoir
vos gamins, vous aurez logiquement le droit d'en vouloir à
l'autre pélo de l'autoroute. Et si vous avez malencontreusement
embarqué un dossier qui aurait pu faire de ce fameux pélo
un as du barreau, ce pélo risque de vous en vouloir. Et
si ce pélo a la gueule à Daredevil
et vous celle de Shaft, on est en droit de penser que ça
va dégénérer... Grave.
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Attention
! Dérapages incontrôlés n'est pas un
2 Fast 2 Furious avant l'heure. Et bien heureusement,
ces deux "films" n'ont absolument rien en commun (à
l'exception de titres fleurant bon le crissement de gomme sur
le bitume). D'un côté : un nanar estival pour teenagers
amateurs de tuning où les bomba latina sont livrés
avec la caisse et où le peu de morale que voudrait nous
faire avaler l'Oncle Sam réside dans le seul fait que nos
deux héros sont des flics et non deux dealers de coke a
grande échelle.
De l'autre, un putain de bon film où les dérapages
ne sont que psychologiques, hormis quelques crissements de pneu
par ci par là (c'est quand même pas la ruée
vers l'or pour Michelin), dont le fameux accident/élément
déclencheur du récit.
Evidemment, c'est 2 Fast 2 Furious qui a raflé le
jackpot au Box office (comme quoi, la merde, ça n'attire
pas que les mouches). Enfin bref je ne suis pas là pour
casser un film mais plutôt pour vous faire l'éloge
d'un autre, car malgré un accueil critique plus que favorable,
Dérapages incontrôlés n'a pas reçu
l'accueil public escompté.
J'avouerai que moi le premier, je ne me suis pas même déplacé
dans les salles obscures -ce n'était pourtant pas l'envie
qui m'en manquait [l'argent, peut-être ? NDLR]-,
c'est donc pour ça que j'ai couru voir le film à
sa sortie dans les bacs.
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Il
faut avouer que rien que le casting vous donne envie de visionner
Dérapages incontrôlés, d'autant plus que le
dernier film que l'on ait vu avec Samuel L. Jackson se nomme xXx
(encore un de ses films qui attire pas que les mouches) et
que même Ciné Live, supporter inconditionné
de Ben Affleck (oh le menteur), classifie sa performance d'impeccable
(quelle ne fut pas ma surprise en lisant les lignes de ce mag).
C'est Roger Michell, réalisateur de Coup de Foudre a
Nothing Hill, qui s'installe au volant, ec qui signe donc
forcément un grand virage dans la carrière de ce
metteur en scène britannique [c'est pas bientôt fini
ces jeux de mots à répétition ! NDLR].
Dérapages incontrôlés s'avère être
un film finalement inclassable tant il aborde de genres. Trop
visé pour être une simple comédie dramatique,
pas assez bouleversant pour un drame, pas assez meurtrier pour
être un thriller ; plutôt un film sociale, car comme
Ken Loach, Mitchell décide d'attaquer la société
en pleine face. Mais outre la journée de folie que vont
vivre nos deux héros, c'est aussi en arrière plan
qu'il faut chercher la critique. Notamment dans la scène
ou Jackson, ancien alcoolique qui vient de perdre la garde de
ses enfants, traverse une "salle d'attente" du tribunal
qui n'est pas sans évoquer le Purgatoire, tant les âmes
qui y rentrent en sortiront avec une vie détruite ou au
contraire une vie meilleure.
Vous l'aurez compris, pour l'un de nos deux héros, c'est
déjà l'enfer. Mais que les groopies d'Affleck se
rassurent, ça ne va pas tarder à empirer pour le
beau brun.
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Car
il faut le savoir si Jackson à raté son rendez-vous
au tribunal, c'est en parti la faute de Benny qui lui est rentré
dedans sur l'autoroute. Quel enfoiré cet Affleck, quand
même ! [tu l'as dit, il se tape Jennifer Lopez ! NDLR]
Sauf que dans sa précipitation, Doyle "Jackson"
Gipson a malencontreusement récupéré THE
dossier de Gavin "Affleck" Banek, dossier qui aurait
pu faire de ce bellâtre aux dents longues le nouveau visage
du barreau New Yorkais. La course poursuite sera de courte durée
puisque Gavin retrouve Doyle à sa sortie du tribunal, sauf
que là, manque de bol, Doyle a mis le dossier à
la poubelle. Et voila un chassé croisé qui va durer
plus d'1h20, chacun cherchant l'autre. Ca ressemblerait presque
à une comédie romantique à 2 balles, mais
voila, c'est loin d'être de l'amour ce qui va naître
entre les deux personnages, mais plutôt une haine sans nom
où coups bas et mesquinerie sont de rigueur et où
la violence physique et morale augmentera au cours du film.
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Et
c'est bien ici le point fort et l'originalité du scénario
qui arrive à faire de deux gars totalement différents
qui ne se connaissent même pas deux féroces ennemis.
Minute après minute, la tension monte, frôlant le
paroxysme à chaque nouveau " signe " d'un des
deux compères. Bref cette augmentation de pression vous
ficherait presque froid dans le dos... Parce que même si
le scénario n'est pas exempt de défauts et n'échappe
pas à certains clichés, ce n'est pas tous les jours
que l'on en voit de cette qualité à Hollywood.
Une fois la qualité du scénario vérifié,
restent les autres atouts du films dont la presse a fait les éloges.
Le mythe selon lequel Ben Affleck serait impeccable serait il
vrai ????? Et bien oui tout est vérifié. Ben Affleck
brille comme jamais face à un Samuel L. Jackson bel et
bien remis de son nanar d'action (xXx
pour ceux qui suivraient pas). Le premier y trouve le meilleur
rôle de toute sa carrière, l'autre sa plus convaincante
prestation depuis Incassable. Côté seconds rôles,
on est plutôt servi avec Toni Colette en collègue/maîtresse,
Kim Staunton en madame Jackson, où encore l'excellent Sydney
Pollack en beau père et patron pourri jusqu'aux os : tous
parfait.
De l'autre côté de la caméra Roger Michell
nous plonge dans la journée pas ordinaire de nos deux héros,
avec un enthousiasme et une audace a peine dissimulée,
filmant les scènes de haute tension caméra a l'épaule.
Le reste, certes, sans grande originalité, demeure hyper
efficace, ce dont on se satisfera volontiers au vu des autres
réjouissances qui attendent encore le spectateur. Je veux
surtout parlé par là de la scène de l'église
où Ben Affleck fait l'étalage de son talent dans
un court (trop court) monologue sur ce monde de merde (ça
fait plaisir).
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Pourquoi
cette scène est elle si extra ? Tout simplement parce
que l'on se rend compte à quel point Dérapages
Incontrôlés demeure un film sur la foi (mais
aussi, et surtout, sur le fait de ne pas l'avoir) tant les nombreux
signes religieux y sont disséminés a tout va :
moines, nonnes, crucifix et même différents type
de clercs, avec notamment les véritables serviteurs de
l'église mais aussi le personnage de William Hurt, qui
apparaît comme le prête donnant son soutien à
son prochain (et aidant Jackson a sortir de l'alcoolisme), ou
encore Pollack en archevêque ténébreux.
Tout ceci pourrait faire passer le film pour parfait (encore
que certains seraient capables d'y voir de la propagande catholique),
mais voilà, les producteurs ont imposé un "
happy-end " assez peu crédible, ce qui transforme
finalement cette extraordinaire descente aux enfers en un paradis
presque retrouvé. Dommage, mais au vu du reste
Dr Marlowe
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* le scénario plus original que la moyenne,
* l'extra Samuel L. Jackson
* la bonne et surprenante performance de Ben Affleck

* le happy-end

...ou plutôt si vous n'aimez pas les grosses machines hollywoodiennes
comme on pu les fréquenté les deux comédiens dernièrement

Le constat est plutôt
bon (ho ho). Un film intelligent, bien fait et servi par une interprétation
sans faille. Une réussite.
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7,5/10
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Pas d'avis en ce
moment.



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Dérapages
incontrôlés (Changing lanes)
Film américain (2002). Thriller. Durée : 1h 40mn.
Réalisation,
production, distribution
Réalisateur : Roger Michell
Scénariste : Michael Tolkin, Chap Taylor
Producteur : Scott Rudin
Production : Paramount Pictures, U.S.A., Scott Rudin Productions,
U.S.A.
Distribution : United International Pictures (U.I.P.), France
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Acteur(s)
Ben Affleck : Gavin Banek
Samuel L. Jackson : Doyle Gipson
Toni Collette : Michelle
Sydney Pollack : Stephen Delano
William Hurt : le sponsor de Doyle
Amanda Peet : Cynthia Banek
Kim Staunton : Valerie Gipson
Richard Jenkins : Arnell
Equipe Technique
Compositeur : David Arnold
Directeur de la photographie : Salvatore Totino
Costumière : Ann Roth
Chef décoratrice : Kristi Zea
Producteur exécutif : Ronald M. Bozman, Adam Schroeder
Chef monteur : Christopher Tellefsen

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