Diez est revenu de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires avec la tête d'un mec à qui on vient d'annoncer que sa mère est morte d'infarctus, que sa maison a brûlé, que son chat s'est étouffé en mangeant son poisson rouge et que le FISC avait embarqué tout le reste. On a eu du mal à l'empêcher de se défenestrer (sans compter que Dr Marlowe ne cessait de l'y encourager), mais on a réussi à le ligoter sur une chaise. Bourré de prozac, Diez a commencé son récit...

Le monde de la critique du 7e art français est en péril, menacé par l'élitisme et le snobisme ! Une seule solution : réunir une équipe de rédacteur hors du commun, composé de :
-Blazcal, le seul journaliste qui écrit avec l'accent québécois
-GrisFaust, l'homme qui a vu Daredevil 2 fois et qui l'a aimé
-Dr Marlowe, qui possède l'intégralité des saisons de la série S Club Seven
-Diez, l'homme aux jeux de mots vaseux.
C'est la Tribaaligue des Rédacteurs Extraordinaires, et ensemble, ils vont tenter de relever le niveau général !
[NDLR : C'est pas gagné.]

DREAM FACTORY
Nous commencerons notre critique par un flash-back de rigueur.
70's : la mode est au peace & love. Les fourgonnettes sont décorées avec des fleurs violettes, les murs graffiti-fiés de 'Flower power', les cheveux longs et les lunettes tendance Janis Joplin. Hollywood, jamais en reste quand il s'agit de exploiter un filon, investit aveuglément dans la première production venue, du moment qu'apparaît le mot 'hippie' dans le scénario. Résultat : des films comme De l'or pour les braves (les hippies à la guerre) ; Dracula 73 (les hippies en Transylvanie) ; j'en passe et des meilleurs (ou des pires, c'est selon). Des œuvres complètement hors de propos, kitchissîmes à outrance, et que d'aucuns considèrent comme des objets de culte.
Retour au XXIe Siècle. En ces temps où des surpuissances économiques et militaires définissent promptement un axe du mal et déclarent une guerre ouverte contre le côté obscur du globe, en ces temps où l'on déploie un arsenal high-tech pour occire quelques barbus enturbannés, en ces temps où l'on transforme des bidasses décérébrés en gardiens du bon droit, en ces temps-là plus que jamais, l'Amérique a besoin de héros. Hollywood lui en sert sur des plateaux.

Hollywood, l'ogre Hollywood, qui aseptise la créativité et phagocyte le talent ; Hollywood capable du meilleur - quand il abandonne ses films à des artistes - comme du pire - quand il se sent obligé de régir les tournages et troque l'originalité contre des recettes préconstruites - ; Hollywood : usine à rêve qui, fort d'avoir retenu la leçon du taylorisme et de l'offre et de la demande, produit à la chaîne de quoi contenter le consommateur ; Hollywood, enfin, qui décide de mettre cet engouement à profit pour renflouer son tiroir-caisse. Pour ce faire, on sort les BD cultes de la naphtaline, un coup de plumeau, quelques réalisateurs chevronnés -ou les premiers tâcherons venus- à la tête de gros budget. On croise les doigts très forts pour que les pérégrinations de ces quidams surhumains qui passent leur vie à sauver la nôtre fassent un malheur au box-office. Pour croquer leur part du gâteau, des stars n'hésitent pas à se ridiculiser dans des costumes moulants aux couleurs criardes. Ce qui était ridicule cinq ans plus tôt est aujourd'hui tendance. Frivolité de la mode. Résultats : quelques films sympas, d'autres moins… et les sempiternelles potacherinades abracadabrantesques complètement à côté de la plaque. Dans ce genre là, LXG peut faire figure de cas d'école.

Au vu du postulat de départ, on pouvait s'attendre à une œuvre fantasque, décalée, loufoque si besoin, ou au pire, à un nanar sous hallu qui en arrache. Que nenni. L'usine à rêve a encore fait des siennes : LXG n'est pas une œuvre fantasque, décalée, loufoque. LXG n'est même pas un nanar sous hallu qui en arrache. LXG est un foutage de gueule pur et simple.
Je m'explique.

LES SUPERHEROS SONT FATIGUES
Entre ses démêlés avec Sean Connery qui voulait l'évincer et les exigences de la production ("pas trop de violence, hein !"), Stephen Norrington a eu trop peu de temps pour fignoler son œuvre. En conséquence, le réalisateur de Blade nous livre le minimum syndical, tout en semblant nous adresser ce discret message : "Voilà la daube pour laquelle on me paie !!!! Démerdez-vous avec, moi, je me reconvertis dans l'élevage de chenilles au Venezuela !!!!"
On ne saurait lui en tenir grief. Bonne chance pour ta nouvelle carrière, Stephen.

Que voulez-vous, c'est ce qui arrive quand on laisse des bureaucrates régner sur le système…
Ce n'est plus d'Art dont il s'agit, pas même de 'spectacle' ; ce n'est même pas un navet, c'est une boîte de conserve. 70% de scènes d'action de synthèse, 20% d'arôme d'aventure, 9% d'ersatz d'émotion, 1% de lécithine de scénario. Inutile de chercher des vrais morceaux de créativité là-dedans : c'est du rosbif synthétique. Insipide, inodore, pas loin d'être écœurant. De quoi sustenter un spectateur dont le palet se désensibilise inévitablement, à force de ne bouffer que de ce pain là.

Mais en grand pourfendeur de nanars devant l'Eternel, je ne me contenterais pas d'une critique aussi peu développée. Amis sadomasochistes, attardons nous ensemble sur les 7 superhéros de LXG. Soit, par ordre de rien du tout : un Indiana Jones gâteux ; une anglaise aux dents longues ; un bleusaille mississipienne, barbouze de son état ; un ersatz de McLeod narcissique à souhait ; un homme qu'on ne voit pas mais que -misère !- on entend ; un Popeye enturbanné qui pratique le kung-fu ; et enfin, un schyzo complexé et son double aussi pernicieux que le Capitaine Croustibak. Dans le jeu des sept familles, je demande réparation envers les auteurs des classiques de la littérature pillés par LXG. Tous ces personnages ont l'épaisseur d'une feuille de papier calque (quand ils n'en ont pas tout simplement l'apparence)…
*Commençons par Papi Connery. Son interprétation morne et convenue ne figurera pas au panthéon des rôles qui marquèrent sa carrière. A se demander si Mr 007 n'est pas tombé dans le gâtisme pour aller mettre sa tête en haut de l'affiche de LXG (heureusement, le chapeau cache un peu le haut de son visage, mais pour l'anonymat, on repassera). Selon des sources sûres, le Sir C. aurait produit et joué notre nanar pour soi-disant 'comprendre le phénomène des superhéros'. Croisons les doigts pour que ne lui prenne jamais l'envie de percer les mystères de la Science Fiction tendance Matrix… Il pourrait lui prendre l'envie de produire une "Ligue of extraordinary cyberpunk". Brrr... Rien que d'y penser, j'en ai des frissons... Par égard pour sa carrière, on ne conseillera pas à l'écossais la retraite immédiate (remarque, depuis le temps, il a du cotiser, au vu de ses cachets) mais au moins de choisir ses films avec un chooya plus de sérieux. A bon entendeur, salut.
*La présence de Tom Sawyer (interprété par Shane West, qui avait déjà adjoint son nom à l'inénarrable Dracula 2001) dans LXG a de quoi faire sursauter les lecteurs de la BD original (signée par le grand Alan Moore, je tiens à vous le rappeler). Qu'est-ce que vient foutre le héros de Mark Twain, vieilli pour l'occasion, dans cette assemblée de personnages britanniques ? "C'est pour donner envie aux jeunes américains d'aller voir le film !" affirment les producteurs, sans se rendre compte de l'absurdité et du grotesque de leur raisonnement. Si les mangeurs de hamburgers pré-pubères ont besoin de voir un de leur compatriote tenir la dragée haute aux rosbifs, tout ça pour daigner bouger leur postérieur pétri de graisse jusque dans le complexe de cinéma le plus proche, c'est pathétique. M'enfin, je dis ça je dis rien, on va encore me traîter d'anti-américain primaire.

* Peta Wilson, dans le rôle de Mina Harker, a du mal à succéder à Winona Ryder (qui n'était pourtant pas non plus vachement transcendante chez Coppola). On croirait qu'ils ont tiré une actrice de pornos bulgares pour jouer le rôle de la copine à Jonathan Harker. Elle n'est pas spécialement belle, pas du tout convaincante. Mais ne soyons pas trop dur : elle ferait une très bonne coiffeuse. [je suis sympa, je joue le rôle de l'ANPE pour intermittents du spectacle souhaitant une reconversion professionnelle]
*Jason Flemyng, dans le rôle du Dr Jekyll, vient jouer les complexés de service… Bon, je ne m'étendrais pas sur son cas, ce n'est pas le pire de tous, et puis il a un joli nom.
*L'acteur indien Naseeruddin Shah n'est pas responsable du traitement affligeant réservé au personnage du Capitaine Nemo dans LXG. La preuve, extrait d'un dialogue entre producteurs : "-Les films de kung-fu marchent bien. Dommage qu'on n'ait pas un chinois dans la Ligue… -Ben Nemo ! -Quoi Nemo ? -Il est oriental ! Il peut bien pratiquer le kung-fu ! -Pas con !" Affligeant, on vous dit…
*Tony Curran ne trouvera pas dans le rôle de l'homme invisible de quoi booster sa carrière. Tant mieux. Quand on vient faire chier un spectateur toutes les cinq minutes avec une réplique navrante qui se voudrait 'achement cynique, on mérite pas d'enchaîner les contrats. Par contre, au niveau des expressions faciales, je ne vois rien à redire.

Pas un pour rattraper l'autre. A l'exception du seul personnage que j'ai (volontairement) retiré de cette liste : j'ai nommé Dorian Gray, auquel le charismatique Stuart Towsend prête ses traits. Le jeune comédien, pressenti pour jouer Aragorn dans le Seigneur des Anneaux (mais écarté en raison de son jeune âge), sauve l'interprétation générale de LXG du marasme, et arrive même à nous faire gober tout cru ses répliques d'une crétinerie abyssale mais qui, dans sa bouche, trouvent une intensité dramatique surprenante. En parvenant à incarner toute la perversité et la fourberie du héros d'Oscar Wilde, il réussit là où tous les autres ont échoué. Que voulez-vous… on a du talent ou on n'en a pas.

SCENANAR
Comme nous l'avons dit plus haut, les dialogues sont hallucinants de balourdises. Le summum est atteint quand un sbire du Fantôme, répondant au petit sobriquet de Dante, s'écrie : "Diable d'homme !" (Dieu merci, le monteur, avec le peu d'honneur qui lui restait, s'est empressé d'enchaîner illico avec une scène d'action pétaradante pour faire oublier cette vanne honteuse). Franchement, on dirait que le scénariste - payé au SMIC - a pompé mes plus vieilles vannes, c'est dire si ça vole haut !
Allez, je lui en souffle quelques bonnes boutades pour la séquelle (libres de droit, vas-y Raymond) :
"-Ne mentez pas, Skinner, vous êtes transparent."
"-Mina, vous vous faites du mauvais sang…"
"-Dorian Gray, si tu me lâches pas, je vais te refaire le portrait !"
"-Où est Sawyer ?
-Aux toilettes. Il l'avait envie de faire Mississipipi."

Quant à l'histoire, elle est dans le ton du film : grotesque. Petit synopsis pour le plaisir des masochistes qui s'accrochent encore à la lecture de cette critique.
Après avoir reçu leurs instructions d'un mentor au rôle trop ténu pour être honnête, notre joyeuse bande de pieds nickelés embarque à bord du robinet géant du Capitaine Némo pour aller stopper un mégalomaniacopsychopatho- germanoschyzodingo qui a la gueule d'un héros de Gaston Leroux et parle avec un accent germain à couper à la tronçonneuse. Celui qui se fait modestement appeler Fantôme (son rôle est fantomatique, en effet) veut faire péter Venise. Ce qui rend le personnage d'emblée détestable, parce qu'entre nous, Venise, c'est quand même la plus belle ville du Monde.
Entre temps, il y a des véritables dilemmes à l'intérieur du Nautilus.
JEKYLL : " Ouinnnn !!! Skinner il m'a volé mon élixir !!! "
SKINNER : " Ouinnnn ! Dorian m'a griffé ! "
QUATERMAIN : "Ouiiiinnnn ! Tom Sawyer il me fait penser à mon fils !"
SAWYER : "Ouuinnnn !!!! Je me suis pris un rateau avec Mina !!!"
MR HYDE : "Vos gueules, y en a qu'aimerait dormir !"
Le Nautilus se transforme en mur des lamentations. Ca se dispute, ça se bouffe le nez, ça dure des plombes… Mon voisin ronfle. En insomniaque impénitent, je l'envie.
Le scénariste, un petit futé, se prend pour Ugly les bons tuyaux et nous refile des fausses pistes à n'en plus finir, dans le but inavoué d'apporter un peu de complications dans cette intrigue qui ferait gondoler un gamin de 3 ans.
Par exemple, on semble nous suggérer - et dans LXG, suggérer veut dire "te foutre le fait bien en évidence devant le nez" - qu'il y aurait un éventuel traître dans l'équipe… Indices : Jekyll est versatile ; Nemo est un prêtre de Kali (la liberté de culte, vous connaissez ?) ; l'homme invisible, on peut pas le voir ; Mina Harker a les dents longues ; mon voisin ne dort que d'un œil… Les producteurs auraient du insérer le personnage d'Hercule Poirot, ça aurait fait avancer les choses.
Arrivée à Venise : tout le monde descend (sauf Skinner qui a déjà touché le fond).
Tom Sawyer, à bord d'une Rolls (sic), parcourt les rues de Venise (sic - bis) à fond de balle -c'est limite si on entend pas du Benny Bennassi dans la sono-, pendant que le Nautilus se faufile dans les canaux de la cité (sic - ter). Entre parenthèses, LXG est un (sic) d'une heure trente.
Bigbangbadaboum. La maquette de Venise s'effondre bruyamment en plein feu d'artifice. Bruyamment, mais pas assez pour réveiller mon voisin. On découvre enfin le vrai visage du traître. Entre nous, on l'avait démasqué depuis des plombes mais on se gardait de le dire, pour ne pas gâcher le plaisir du voisin qui vient d'entrer dans la troisième phase du sommeil.
Vu qu'on a pas la journée, je vous passe les détails de l'Aventure en accéléré. Les gentlemen extraordinaires sauvent Venise, font leur valise et s'en vont sur la Banquise. Les gentlemen extraordinaires s'équipent de tenues de camouflage qui font penser à celles des spermatos de Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe... sans jamais oser le demander (Woody Allen). Les gentlemen extraordinaires cheminent sous de la neige carbonique, en faisant semblant de souffrir. Quattermain rencontre un tigre blanc. L'homme invisible fait une main à Mina Harker. Mina Harker gifle l'homme invisible. Le scénariste rédige son testament. Les gentlemen extraordinaires font irruption dans la maquette de la forteresse du méchant où on essaie de les cloner. Les gentlemen extraordinaires affrontent une monstruosité scientifique, croisement entre un bifteck nerveux et André Agassi.
Les gentlemen extraordinaires découvrent que le Fantôme est en fait le méchant de "Blake & Mortimer" qui s'est fait raser la moustache (drame). Les gentlemen extraordinaires font tout péter (le maquettiste se tire une balle). Les gentlemen extraordinaires, revenus en Afrique, se recueillent humblement sur la tombe de l'un des leurs (je vous révèle pas qui, attends, je voudrais pas vous gâcher la surprise…). Un sorcier africain danse avec des os dans le nez. Le scénariste se défenestre. Ca se finit par un espèce de cliffangher insoutenable qui voudrait nous faire avaler qu'une suite est en chantier. Un ultime pied de nez de Norrington qui en rigole encore, de sa ferme au Venezuela. Le générique apparaît. Mon voisin se réveille enfin.
Voilà pour l'histoire. La suite sort bientôt. Le capitaine Nemo a été enlevé, ce qui reste de la Ligue s'unie pour le retrouver. Ca s'appellera Finding Nemo.

RAMASSIS DE CONNERY

On cherche en vain à tirer quelque chose de positif de cette aberration cinématographique. Nada. LXG accumule les bourdes dans tous les niveaux de production. Topo complet pour nos amis masochistes toujours présents (de moins en moins nombreux, à ce que je vois).

* Spectacle : c'est aussi trépidant qu'un épisode de Derrick. Les scènes d'action sont fastidieuses (la caméra se contente de bouger dans tous les sens), les délires pyrotechniques vains…

* Tempo : le film a le mérite de ne pas être trop trop long mais son heure cinquante passe aussi rapidement qu'une séance chez le dentiste (et c'est à peu près aussi douloureux). * Scénario : quel scénario ?
* Esthétique : le directeur de la photo échoue à tenter d'instaurer une certaine cohérence visuelle. On ne peut s'empêcher de songer aux brouillards londonniens de From Hell et de Mary Reilly avec un brin de nostalgie.
* SFX : les apparitions du Nautilus sortent tout droit d'un logiciel : "créer vous-même vos images de synthèse". Beaucoup trop épurées pour être crédibles, on leur préférera les prothèses d'un Mister Hyde impressionnant, quoique totalement en désaccord avec la vision de Stevenson (enfin, on en n'est plus à ça près).
* Interprétation : comme on l'a dit plus haut, nos comédiens déblatèrent des inanités aussi convaincantes que celles de l'attaché de presse/section marketing de Vercingétorix. On est là pour toucher son salaire et puis basta.

Tel le Nautilus plongeant au fond des océans, LXG touche le fond des abysses artistiques.
L'intégralité de l'équipe du film s'est vautrée dans la médiocrité avec tant de conviction que ça en serait presque touchant, si ce n'était aussi affligeant. Pour reprendre une phrase tirée de Lost In La Mancha et ô combien appropriée à l'objet qui nous intéresse : "tout ce qui pouvait foirer à foiré." Sauf que là, le film est sorti en salles. Amer est ce destin qui nous prive du chef-d'œuvre de Gilliam et nous offre en compensation la fiente séchée de Norrington.
Vous croyez que j'en avais fini !!! C'est bien mal me connaître : j'enfonce toujours le clou à la fin de la critique... Ce petit nanar là ne se contente pas d'être bâclé, fadasse, désincarné, consensuel au possible et ennuyeux : il est également lourdement démonstratif.
Je prends un exemple au hasard : Quattermain, qu'on complimente pour son arrivée express au Royaume-Uni, soupire : "J'ai fait moins bien que Phileas Fogg." Esquisse de sourire sur le visage du spectateur indulgent. Mais l'interlocuteur de Quattermain n'a apparemment pas compris l'ironie. "Le tour du Monde en 80 jours." se sent obligé de préciser Sean Connery devant sa mine nigaude. L'autre : "Haaaaaaaaaa… d'accord. Subtil." Pas besoin de lire Jules Vernes pour comprendre qu'on nous prend vraiment pour des cons. Ou alors pour des gamins. Dans ce cas, ça expliquerait bien des choses... C'est vrai, cette violence atténuée, ces tirades puériles ! Mais alors... [illumination] J'ai trouvé la solution de cette véritable énigme cinématographique ! Cette déjection cinématographique est en réalité destiné aux enfants ! A la marmaille ! Aux chiards ! Aux morveux ! Ca explique tout... Du coup, un fol espoir m'étreint : puisque LXG est apparemment réservé à nos chères têtes blondes, peut-être leur donnera-t-il l'envie de découvrir ces classiques de la littérature ? Ca donnerait enfin au film une raison d'exister...


PRESSE

Pour finir, on n'est pas du genre à nous moquer de la presse spécialisée mais là, on nous a tendu la perche. Après avoir vu Saddam Hussein incarné dans Hulk, Première considère LXG comme "une superbe réflexion poétique sur le tournant des siècles et l'évolution des conceptions du divertissement." Qu'on est con ! C'était donc une métaphore filée !

Le journaliste Jean-Michel Frodon (le 7e art, c'est son hobbit), de la très 'sérieuse' revue des Cahiers du Cinéma, en rajoute dans le foutage de gueule quand il parle "d'un scénario intriguant, de répliques ciselées" (je lui enverrais l'adresse de Tribaal, il prendra son pied devant nos "répliques ciselées"). La palme revient au Figaroscope qui publie dans ses colonnes, je cite : "On pourrait penser à Lynch, mais revu par Tati, tant le cinéaste multiplie les détails cocasses et saugrenus." Comme dirait Serge : 'no comment'.
Je suis un peu méprisant, je le reconnais, mais quand j'ai lu ça, j'ai bondi.
Enfin, je cause, mais entre nous, ma critique positive de Hulk a peut-être ulcéré pas mal de monde… Tout ça pour dire que le cinéma, c'est quand même drôlement subjectif. [toute une critique pour en arriver là… NDLR] #

P.S.: merci à Yannick Dahan pour l'ouverture de la critique


* l'interprétation de Stuart Towsend
* les prothèses de Mister Hyde
* les comics d'Alan Moore


Tout le reste…
* postulat de départ sous-exploité
* dialogues pathétiques
* scénario moisi
* scènes d'action pas folichonnes
* images de synthèses navrantes
* interprétation affligeante
* aucune cohérence, autant visuelle que scénaristique


...les films de superhéros sans collants moulants (et sans scénario saoulant), que vous êtes un fana de la grande consommation et que vous avez moins de 12 ans, alors la Ligue vous plaira peut-être. Et encore, c'est pas sûr.


Après "mon curé chez les nudistes", voici : "mon nanar chez les comics". Consensuel au possible, ce pur produit de consommation hollywoodien foire dans tous les domaines. Emmenez les oreillers : pioncage en perspective.

05/20



L'avis de BabylonZeus
"Si le film doit être résumé en une expression, c'est "déception et incompétence".
L'histoire part d'une bonne idée (rassembler des personnages connus venant de divers univers), mais sorti de là, on croirait qu'ils ont été incapables de trouver un scénario pour s'appuyer sur cette idée. Ainsi, le film vagabonde entre des scènes plus ou moins grotesques (les chutes d'immeubles à Venise en sont bien caractéristiques), dans des situations calibrées dans le but que les héros nous montrent plus ou moins gratuitement leurs capacités. On se demande dans quelles conditions a été écrit le scénario. Ce genre de film s'appuie généralement sur l'imaginaire provenant des films de super-héros. Mais ici, cela ne fonctionne pas, au même titre qu'un "Batman et Robin" ou un "Chapeau Melon et Bottes de Cuir" (avec Sean Connery justement !), alors que dans le 1er Batman de Tim Burton, les situations irréalistes passent naturellement au travers de l'imagination. Mais il y a une différence entre l'imagination débordante et le n'importe quoi, et la Ligue ne se situe malheureusement pas dans la 1ère catégorie.
De plus, le film ne peut même pas jouer sur le côté effets spéciaux tant ils sont parfois visibles, parfois mauvais, parfois ridicules (imaginez un bâtiment de la taille d'une tour de New York qui se déplace entre deux ruelles de Venise sans faire de vague d'eau, histoire d'être un minimum réaliste), et aussi parfois très bien faits (comme l'homme invisible lorsqu'il n'est pas intégralement visible (ceux qui ont vu comprennent !)) mais trop rares. Quelle déception d'avoir vu ILM au générique de fin.
Côté acteurs, cela ne vole pas haut non plus. Nemo et Jekyll sont totalement ridicules. Nemo joue sur la vague des arts martiaux de mauvais goût, et Jekyll a l'air d'un SDF recruté pour jouer le rôle à moindre coût. Sean Connery, même s'il n'est pas dans un grand jour, est tout de même convaincant. La bonne surprise venant de Peta Wilson (ex-Nikita de la série) qui doit être la seule véritable bonne performance d'acteur du film. Comment a-t-elle pu se paumer, ainsi que Sean Connery, dans un film pareil ? Après avoir vu ce film, je suis bien content que Stuart Townsend n'ait pas été choisi pour Aragorn, on croirait qu'il sort directement d'un téléfilm de M6 (certes, Némo est encore pire, mais ce n'est pas une excuse). Et pour finir, les éternelles remarques pseudo-humoristiques qui parsèment la plupart des films sont utilisées ici jusqu'à saturation et overdose extrême, et vont décrédibiliser les quelques scènes qui auraient été réussies.

Donc une daube ? On n'en est pas loin, mais ce n'est pas une daube. Paradoxalement, le film est globalement "regardable", et une fois le crâne bien bourré de la mentalité du film, on arrive même à trouver quelques bons moments. Dans les points positifs, on notera l'idée de départ, les performances de Sean Connery et de Peta Wilson, et surtout la musique de Trevor Jones qui, à défaut d'être totalement originale, s'insère très bien dans l'ambiance qu'aurait dû être le film s'il avait été réussi. Le film n'est donc pas complètement mauvais, et il ne faudra retenir que l'idée de départ : faire coexister des héros classiques divers et variés au sein d'une même histoire de super-héros... ainsi que l'actrice Peta Wilson qui mérite mieux que cela.

Au final, une belle déception, et un sentiment d'être face à un film sympathique original, qu'on souhaiterait voir sortir de l'incompétence cinématographique, mais qui au final n'y arrive pas, même si quelques moments par-ci par-là peuvent nous conserver un intérêt de voir le film jusqu'au bout. On finit par regarder le film avec un demi-sourire indulgent en espérant voir un jour un remake digne de ce qui était, à l'origine, une bonne idée.
(...)
Je rajouterai que, contraint et sous la torture, j'ai dû revoir le film une seconde fois. Ben oui, y en a qui n'ont pas de chance. En fait, je regrette pas. Parce que, curieusement, j'ai passé un très bon moment la seconde fois. Ceci n'excuse pas la maladresse de la mise en scène. Mais s'il y a un point surlequel il faut insister, c'est que le film a un scénario original. Et penser au bon vieux Dorian Gray pour l'immortel était une bonne idée, ça change des Spiderman & Co."

"Très bonne critique!
Un peu vache (le film est nul, d'accord, mais y'a 2 moments fun quand même...) mais globalement réaliste. Je suis content de ne pas être le seul a avoir aimé Stuart Townsend. Par honnêteté, je tiens a reconnaitre que j'ai presque été surpris de connaître l'identité du traite. Honte a moi et a mes descendants sur huit générations." GrisFaust
"Dis donc, pas tendre tendre le rosbeef trop saigant que t'as ingurgiter d'une gorgée...

Je crains que tu ne recevoives une plainte la Ligue des Gentlemen eXtraordinaires en Bas-Collants avec cette remarque : '" Si vous aimez...des films de superhéros sans collants moulants"
Ca va faire mal Diez, ca va faire mal. Mais je te dirais pas où " Blazcal

"Eh diez, freine toi un pneu, tu vas finir par nous pondre des critiques plus longues à lire que le film dont elles parlent !" Colonel Vengeance
"J'ai pas vu le film mais SCENANAR et RAMASSIS DE CONNERY c'est bien trouvé!" Mantra

La Ligue des Gentlemen Extraordinaires
(The League of Extraordinary Gentlemen)

Film danois, américain (2002). Fantastique, Historique, Action. Durée : 1h 50mn.

Réalisation, production, distribution
Réalisateur Stephen Norrington
Scénariste James Robinson
Producteur Don Murphy
Production 20th Century Fox, U.S.A.
Angry Films, U.S.A.
JD Productions, U.S.A.
Mediastream 1. Productions GmbH, Danemark
Distribution UFD, France

Acteur(s)
Sean Connery : Alan Quatermain
Shane West : Tom Sawyer
Stuart Townsend : Dorian Gray
Peta Wilson : Mina Harker
Naseeruddin Shah : le capitaine Nemo
Tony Curran : Rodney Skinner / l'Homme invisible
Jason Flemyng : le docteur Henry Jekyll et Mister Hyde
Richard Roxburgh : M
Max Ryan : Dante Aligheri

Equipe Technique
D'après l'oeuvre de Alan Moore, Kevin O'Neill
Compositeur : Trevor Jones
Directeur de la photographie : Dan Laustsen
Chef décorateur : Carol Spier
Chef monteur : Paul Rubell