Assis
en tailleur devant son ordinateur, le calligraphe Petit Dièse
Névrosé affûtait la lame de son clavier. En son
for intérieur, le moine du temple Tribaholin tremblait d'appréhension.
Ecrire une critique du film Hero : la tâche s'annonçait
rude... Peut-être allait-il y perdre sa vie, son honneur, sa sueur,
qui sait ? Tant de rédacteurs avaient déjà péri
ou failli devant l'ampleur de la tâche. C'était aujourd'hui
à son tour de prouver sa valeur. Par la cirrhose de Bouddha,
il allait leur montrer de quel bois de bambou il se chauffait !
TUT
"Zhongguo productions présente : "Les Infos du
saké" Présenté par Rul-Ode-Printemps.
Jour 27 de l'année du dragon (- 2000 avant Tribaal).
-Messieurs, mesdames, épouses et concubines, bonjour
L'info principale de la semaine, c'est la naissance du petit Jésus
dans une étable à Bethléem. On lui souhaite
beaucoup de succès dans sa vie future
Mais, ha, on
m'annonce un SCOOP.
Les trois assassins dépêchés par des Royaumes
concurrents pour mettre fin au jour de notre bien aimé
Empereur se seraient fait méchamment tailladés la
gueule par un petit préfet de canton, 1m50 les bras levés
sur un tabouret. Le Nom du Hero ne nous a pas été
livré. Information à prendre au conditionnel, donc
-Du nouveau chez nos amis du canton d'Outre-Quévin, qui
aiment la Pâte-à-viande de canard laqué
" TUT
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TOILE
D'UN MAÎTRE
Tigre & Dragon, à défaut d'être le chef-d'uvre
annoncé, nous avait agréablement surpris de par des combats
étonnants, des acteurs convaincants et des images remarquables
(je vais y aller mollo dans les superlatifs, on en n'est pas encore
au gros du morceau de cette critique). Bref, le film de Ang Lee ménageait
le terrain, ouvrant les yeux des occidentaux sur le potentiel des films
de sabre chinois
Mais rien ne nous préparait au choc de
HERO.
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Fallait
s'y attendre
Zhang Yimou n'était pas le premier tâcheron
venu. La preuve : on lui doit Epouses et Concubines (Lion
d'argent au Festival de Venise) et Happy Times (Lion de
rien du tout, pour l'instant), des films qui jouissent d'une bonne
réputation - j'en dirais pas plus, je les ai pas vu. A
l'instar de son compagnon Ang Lee, Yimou s'attaque donc au genre
du film de sabres -wu xia pian en chinois dans le texte
- avec un certain recul. Au final, c'est un pur bonheur pour les
yeux et pour l'esprit.
Pour les yeux, parce que HERO est un tableau et Zhang Yimou
un calligraphe chevronné. En deux coups de pinceaux, il
esquisse une envolée guerrière, un combat aérien,
une étreinte amoureuse, laissant poindre l'émotion
derrière le vernis picturale.
Notre artiste, qui est également un coloriste de prestige
(chaque phase de l'intrigue est rattachée à une
couleur spécifique à haute teneur symbolique), n'a
pas son pareil pour cadrer l'eau ruisselant d'une gouttière,
le soleil miroitant dans la lame d'une épée, une
traînée d'encre écarlate sur un parchemin...
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Un
soucis de magnifier chaque détail qui se ressent dans le
choix de la chef costumière : Emi Wada avait déjà
travaillé sur l'excellent Ran d'Akira Kurosawa (les
inoubliables kimonos des rejetons de Hidetora Ichimonji, c'était
elle, si si
) et sur Tabou de Nagisa Oshima (tout
le monde ne peut pas se vanter d'avoir fringuer Kitano !). Dans
le même ordre d'idée, les couleurs de certains costumes
ont nécessité l'import de teintures venues d'Angleterre
ou du Japon, et l'utilisation d'eau minérale pour colorer
certains tissus. Ce perfectionnisme et ce soucis du détail
transparaissent véritablement à l'écran (enfin,
bon, je serais pas capable de vous citer la marque des bouteilles
d'eau minérale utilisées) et contribuent à
donner au film une esthétique marquante.
C'est simple : si il fallait résumer HERO à ses
images, ce serait ni plus ni moins qu'une uvre majeure du
7e art. J'en suis encore tout bouleversifié, c'est dire.
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NATURE MORTE
En dépit
de son inexpérience dans le genre du film de sabres, Yimou parvient
tout de même à apporter des éléments nouveaux
dans ses scènes d'action. De quoi faire bisquer les plus grands
artisans, de la part d'un néophyte en la matière
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Prenons
l'exemple de l'affrontement entre Sans Nom et Ciel Etoilé,
deux des plus grands guerriers de l'Empire du Milieu. Ces héros
ont atteint un tel niveau de perfection dans l'arme blanche que
la nécessité d'échanger des coups ne se fait
plus sentir. Ils s'affrontent donc par la pensée, mettant
sur pieds des stratégies d'attaque - "bon, si lui
il fait ça, moi je ferais ça, mais alors lui, il
fera ça
" : on n'est pas arrivé. Mais
vu que regarder pendant des plombes deux mythes se jauger du regard
sans bouger d'un iota, c'est frustrant, notre réalisateur
a la bonne idée de nous offrir les images de cet affrontement
mental, coulées dans un noir et blanc pas franchement indispensable
(c'est pour bien nous montrer que ceci ne se déroule pas
physiquement
Zhang, tu nous prends pour des cons ?).
Les affrontements ne s'éternisent pas : ils commencent
et s'achèvent en quelques secondes, l'estocade finale étant
généralement portée sans tarder. Après
tout, pourquoi dispenser des coups à tiers larigot quand
un seul suffirait à départager deux adversaires
?
Faut vous dire, monsieur, que chez ces héros là,
on ne rit pas
on tue.
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Mais
ce duel fait figure d'escarmouche aux yeux des quelques scènes
de bravoure disséminées dans le film, toutes sublimées
par un montage affûté et limpide comme la lame d'un
katana. Au titre de ces séquences particulièrement
réussies, on retiendra celle du Monastère où
Sans Nom et Flocon de Neige nous refont "Je danse sous la
pluie" sans Gene Kelly mais avec des flèches en guise
de gouttes d'eau. Forcément épique. Pourtant, à
cette séquence, certes réussie, on préférera
de loin l'affrontement dans la forêt d'or entre Maggie Cheung
et Zhang Zi Yi, bercé par une voix féminine d'une
pureté étonnante. Un pur joyau qui marquera à
jamais ma mémoire de cinéphage endurci (j'ai d'ailleurs
choisi une photo extrait de ce passage pour ouvrir l'article).
Il faut voir Flocon de Neige se retirer pudiquement pour laisser
Plume mourir
ça m'a refilé un de ces frissons
extatiques, je vous raconte pas. Frisson aussitôt interrompu
par une question - fort pertinente - de mon voisin : "Mais
c'est laquelle qui a tué le mec ?". Et moi de lui
répondre : "C'est une feinte ou tu es super con ?".
Cette scène - pas celle entre mon voisin et moi, l'autre
- démontre bien la place prédominante que tient
la Nature dans ces échauffourées : elle y fait à
la fois office d'arbitre et de tombeau pour le vaincu. Car ici,
la mort n'est pas à adipeuse - elle aurait plutôt
tendance à être à dix pas (hahaha
rions
ensemble, mes frères). Au contraire, le passage à
l'au-delà s'effectue comme un moment noble, impériale,
mais aussi comme un moyen de prouver sa valeur. Ce n'est pas un
hasard si en Chine, c'est le blanc, couleur pure et immaculée,
qui symbolise la mort - et qui signera le sacrifice final des
amants.
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CADENCE &
CARENCES
Si la trame de Hero s'appuie sur des évènements
réels (la Période des Etats Guerriers), elle s'inspire
également d'une légende racontée de génération
en génération en Chine. Et c'est là la force de
Yimou : parvenir à mettre en images un récit oral en extrayant
l'essence du mythe, en puisant dans des traditions immémoriales
et des rites séculaires, mais également purgeant l'uvre
d'un second degré ou d'un humour malvenu. Sa réussite
dans ce domaine pourrait être comparée, dans une moindre
mesure, à celle de Peter Jackson pour Le Seigneur des Anneaux.
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Dans
ce Monde peuplé de demi-dieux, on manie l'épée
comme le pinceau, on dévie un millier de flèches
d'un revers de kimono, on repousse son adversaire dans une tornade
de feuilles d'or, on s'acoquine dans de gigantesques draperies
pourpres, on fait du trampoline sur la surface limpide d'un lac
funéraire en jouant au ping-pong avec des gouttelettes,
on ferraille dans un hall royal reconverti en sèche-linge
Evidemment, le fait de voir les personnages flotter au-dessus
du sol pourra agacer l'occidental étroit d'esprit. Mais
il faut se fourrer dans le crâne qu'il est ici question
de légende, et qui dit légende dit personnages légendaires,
possédant donc des aptitudes surnaturelles. Des espèces
de Superhéros, en somme. [ça y est, tu l'a placé,
ta vanne, t'es content ?
NDLR]
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Inévitable
revers de la médaille : transposer une légende à
l'écran, c'était s'exposer au ridicule. Hero n'échappe
pas, effectivement, à ces quelques maudites scènes
qui prêtent plus à rire qu'à crier au prodige.
Au rayon de ces tares, on notera : le trip avec la goutte d'eau
; les vociférations belliqueuses, interminables et irritantes
des combattants (on croirait entendre des grognements de tennisman
passés au ralenti) ; et un effet spécial particulièrement
foireux où la caméra suit le trajet d'un essaim
de flèches (Peter Jackson avait fait mieux dans La Communauté
de l'Anneau). Mais ce sont là de petites tâches
éclipsés par des trouvailles beaucoup plus intéressantes
- comme ces flammes des chandelles qui virevoltent au bon gré
des pensées de Sans Nom - et qui disparaissent dans une
vision d'ensemble de la toile.
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Si
le montage de Hero est aussi limpide que l'eau d'un lagon,
il n'en est pas de même pour sa narration. Le choix d'un
récit en flash-back, destiné à ménager
un rebondissement auquel on avait eu le temps de se préparer,
n'était pas le plus évident et risque fort de désorienter
le spectateur. Ainsi, à force de voir Maggie Cheung planter
son fer entre les côtes de Tony Leung pas moins d'une douzaine
de fois durant le film, on finit par ne plus savoir ce qui est
réellement advenu, ce qui complexifient plus que de besoin
les relations entre les personnages. Ca part dans tous les sens
et on finit par se lasser de tenter de déceler la vérité
dans le témoignage de Sans Nom et les supputations de Qin,
vérité qui sera, de toutes manières, démentie
à la prochaine bobine. Dans son refus d'une linéarité
narratrice, Yimou a sacrifié la fluidité d'un récit
qui aurait gagné à demeurer cohérent.
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Toujours
au rayon des tares, il faut signaler une perte de rythme au bout
d'une heure de projection : flash-back sans queues ni tête,
affrontements dépourvus d'enjeux... Heureusement, le film
retrouve un second souffle avec l'attaque du Palais Impérial,
nouvelle scène de bravoure à mettre au palmarès
de Yimou, rythmée par la musique de Tan Dun qui atteint
là son apogée. Après cette séquence
qui claque comme la sonnerie d'un réveil, on restera scotché
à l'écran jusqu'à l'apparition du générique
finale.
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L'ETOFFE DES HEROS
Mais perdu dans cette fresque guerrière aux enjeux colossaux,
, notre peintre Yimou n'en néglige pas pour autant ses personnages
et signe avec Hero une galerie de portraits remarquables.
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Sa tête d'affiche, c'est évidemment Jet Li. La
star internationale trouve là un premier rôle d'exception
où l'occasion lui est donné de faire preuve de
sa grande dextérité. Le petit chinois bondissant
s'éclate donc à épater la galerie en usant
de sa lame avec la précision d'un sniper (je te raconte
pas ce qu'il te fait en une demi-seconde
c'est le Gérard
Majax de l'arme blanche, ce mec là). Hélas, l'imperturbable
neutralité du personnage de Sans Nom restreint considérablement
le jeu du comédien chinois. Ca n'en reste pas moins son
meilleur rôle depuis celui du Dr Wong Fei-hung dans Il
était une fois en Chine, une autre figure de la mythologie
populaire chinoise. Alors, Jet, à quand l'interprétation
de Confucius ?
Si vous êtes fan du petit distributeur de bourre-pifs,
vous serez intéressé de savoir qu'on reviens plus
en détails sur sa carrière dans notre rubrique
"Au-delà du 7e art".
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Dans
le rôle des amants maudits, Maggie Cheung et Tony Leung
sont, comme de coutume, remarquables. Ce couple de comédiens
délaisse les silences ouatés et timides de In
the mood for love pour les effusions d'une passion débordante,
dévastatrice, que même la mort ne saurait interrompre.
Tour à tour jaloux, passionnés ou adversaires, ils
apportent à eux deux l'émotion dont on aurait pu
craindre que Hero soit dépourvu.
Zhang Zi Yi, quant à elle, apporte la fraîcheur de
sa jeunesse à la fresque ancestrale. Elle troque les tuniques
de soie de ses rôles de princesse pour les oripeaux de servante,
et autant vous dire qu'on y perd pas au change. La comédienne
est toujours aussi ravissante et convaincante, même cantonnée
dans un rôle aussi insignifiant que celui de Plume. On pouvait
craindre de l'entendre brailler "Rends moi mon peigne !"
à tout bout de champ, mais il n'en est rien. Ceux qui n'ont
pas vu Tigre & Dragon ne savent pas à quoi ils
viennent d'échapper
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A
Donnie Yen échoie un rôle très en retrait,
celui de Ciel Etoilée. Son apparition dans Hero
se résume à trois coups de sabre et puis s'en va
(et sa tête sur l'affiche). C'est d'autant plus dommage
qu'on devine le potentiel dramatique de ce chorégraphe
chinois, que les cinéphages occidentaux connaissent surtout
pour son rôle de vampire kung-fu dans le pétaradant
Blade 2. Ce personnage lui permet néanmoins de faire
preuve de ses impressionnantes aptitudes au combat et de foutre
une belle branlée à quelques soldats de Qin. C'est
mieux que rien.
Chen Daoming incarne quant à lui l'Empereur Qin, un Napoléon
bridé, avec beaucoup de prestance et de majesté,
tant et si bien qu'on le croirait tout droit sorti d'une épopée
de Kurosawa. Il parvient à retranscrire les sentiments
et les ambitions profondes d'un personnage controversé.
Si il ne devait en rester Qin, ce serait celui-là. [Diez
persiste et signe
NDLR]
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LA PETITE BOUTIQUE DE LAO-TSEU
La Chine étant le berceau de la philosophie, nous ne pouvions
faire une critique de Hero en omettant de traiter ce point crucial.
Tout
d'abord, il faut savoir que le film de Yimou baigne dans la philosophie
qui gouverne le mode de pensée chinois : le Taiji (le yin
yang, en somme). Cette façon de voir les choses empêche
tout manichéisme inhérent aux productions hollywoodiennes.
Point de grands vilains dans Hero : tout le monde a des
raisons de se battre, que ce soit pour l'honneur, la vengeance,
ou même, pour la paix.
Mais Hero est aussi un film ambigu
Certains journaux, dont
nous tairons les noms par soucis d'intégrité et
d'anonymats (pour ne pas les nommer, M.Movies, ou plutôt,
non, Mad.M
. oui, c'est mieux) ont accusé le
film de Zhang Yimou d'exhaler une bien douteuse idéologie.
Hero prêcherait, à les entendre, un dévouement
sans bornes à sa patrie. Comme dirait Jean-Luc : ça
se discute
Personnellement, je ne pense pas. Je m'explique
: le personnage de Lame Brisée, qui n'avait pour seul but
que de servir son Royaume en assassinant Qin, se remet en question
et décide, en laissant la vie sauve à l'Empereur
aux dents longues, de faire passer l'intérêt général
de la Chine avant son dévouement pour sa patrie. Ce qui,
je pense, réfute ces accusations.
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Pourtant,
il est vain de le nier : Hero est un film ambigu. Unifier
la Chine, l'idée est noble, mais si c'est pour qu'il n'y
ait plus personne de vivant à l'arrivée, franchement,
est-ce que ça vaut bien le coup ? Hein ? Je vous le demande.
Je sais bien qu'on ne mange pas de canard laqué sans saigner
le palmipède, mais quand même, faut pas pousser...
Or ce discours tacite n'est pas sans faire tiquer le pacifiste
qui sommeille en moi.
Pourquoi a-t-on l'impression, en regardant Hero, que le
gouvernement chinois nous susurre à l'oreille que 'la guerre
est le seul moyen d'accéder à la paix' ? C'est d'autant
plus étrange quand on sait que Zhang Yimou a été
dissident politique sous le régime de Mao
Alors,
la guerre est-elle parfois nécessaire ? Je laisse à
mon lecteur de répondre à cette question à
sa convenance et selon ses opinions
|
Mais
trève de discours bellicisme : en évoquant la guerre,
Hero parle aussi d'une certaine forme de pacifisme. Le
véritable accomplissement du guerrier, nous dit-on, c'est
quand celui-ci fait à ce point corps avec son épée
qu'il finit par ne plus en avoir besoin. A ce titre, le monologue
final de l'Empereur, dissertant face à la calligraphie
somptueuse de Lame Brisée, est un puit de sagesse qui,
à lui tout seul, vaut le déplacement. Ajouter à
ça tout ce que j'ai dit au-dessus et vous comprendrez pourquoi
Hero vaut bien les 6€ et quelques que vous dépenserez
pour aller le voir (ou les 20€ pour faire l'achat du DVD
version longue).
Lao Tseu a dit : il faut trouver la voie. Ang Lee l'a ouverte
avec talent, Zhang Yimou l'a suivi avec brio. Autrement dit, on
attend la suite avec impatience
#
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* la magnificience visuelle (esthétique inoubliable)
* la mise-en-scène
* des interprètes remarquables
* des longueurs dans la narration (au milieu du film, notamment)
* l'ambiguité du propos
...les légendes chinoises, les fresques guerrières empreintes
de poésie, et si tant est que vous ne soyez pas un pacifiste
chevronné tatillon, alors Hero est votre St Graal.
Quand l'Histoire
rencontre la Légende, la magnificence est au rendez-vous
Zhang Yimou signe une fresque guerrière envoûtante et visuellement
inoubliable. Attention : toile de maître.
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16/20
|
"Bonne
critique. Cela dit, je me permettrai une petite rectification
historique: Lao Tseu n'a jamais dit "il faut trouver la voix".
La voie, d'accord. Pas la voix, à moins qu'il ait été
chanteur de variétés à mi-temps ou un truc
dans le genre. [en effet, il y avait une petite erreur d'orthographe
désormais corrigée, NDLR]" Scaar |
"Nous
avons bien fait de patienter sur ce coup là (à
propos de ta critique).
Superbement
décomplexée, belle pirouette sur la fin (héhé
je t'attendais au tournant sur ce coup là, et tu sais
nous tirer la langue au bon moment, lol), qui je dois dire relie
tous les avis avec une certaine bonne humeur.
En
parlant hier de Tsui Hark, en fana de ciné que je suis
j'ai été louer Il était Une Fois En Chine
II de Tsui Hark, et en effet Jet Li (ou Lee, c'est selon apparemment)
y est excellent, au contraire de ses pitoyables apparitions
hollywoodiennes.
Avec Hero, il [Jet Li] fait mentir l'adage que nul n'est prophète
en son pays, il est bien meilleur dans des productions orientales...
Pour
la note, à un point près, ainsi que pour le reste
de ta critique, je suis assez d'accord.
Nous
te suivons sur la voie du milieu, enfin, si tu veux bien descendre
de ton tabouret (Blazcal-tseu), lol" Blazcal
|
"Superbe
critique: elle est beaucoup plus représentative du film
que les critiques paranoïaques voyant des manipulateurs communistes
partout!" Colgate |
"J'ai
un probleme avec ce film. Au dela de toutes les polemiques bizarres
dont il se fait l'echo, ayant la chance de vivre en asie, je l'ai
montre a mes potes asiatiques. Vu que ce genre de film c'est plutot
fait pour l'occident ( et le politburo ) presque personne ne l'a
vu ici, mais bon je m'egare. Et bein tout le monde trouve ca MOU.
Mais vraiment, MOU !!!
Je suis embete pour Zhang YiMOU ( sorry ), des fois oui , mais
la non.( Parceque le beau il sait tres bien faire, donc je vais
pas insister, mais la, bein il fait le MOU ( Re-parenthese pour
" Epouses et concubines", c'est encore plus MOU, mais
c'est bien plus beau...) )
Bref, personne
n'a rien compris ici a cette pub pour Jet Li, qui lui aussi
est MOU !
J'arrive meme pas a polemiquer, je me suis endormi devant ce
truc. Alors je suis embete, parceque bon , les references filausophiques,
bein non. D'autant plus que si la Chine a des filausophes, elle
n'est pas LE berceau de LA filausophie.
(Je vais pas argumenter, mais y a beaucoup d'endroits differents
dans le monde ou les gentils gens reflechissent devant un petit
scarabee qui lui meme reflechi aux differents endroits du monde
et a ses gentils gens).
Bref, pas
terrible. 8/20 , juste parceque c'est beau mais helas c'est
MO... ok ok j'arrete...."
Pat
|
"Je
m'adresse à celui qui a fait la critique de hero : bonne
critique, bravo; mais je tiens à revenir sur le sens du
discours final de l'empereur, celui qui anéantit la résolution
du guerrier venu pour l'assassiner. Comme c'est la cas du journaliste
des inrocks et de peut-être d'autres journaux, tu as interprété
ce discours comme de la propagande en faveur du parti. Or voici
ce que m'a expliqué un ami chinois, choqué quand
je lui présenté cette interprétation : en
Chine, le film est très apprécié pour sa
qualité plastique mais pas pour sa philosophie car ce discours
final, précisément, est interprété
comme de une manière de gouverner à la "Bush".
Celui-ci, en effet, comme l'empereur, ne respecte pas l'autonomie
des autres provines, cherchant à imposer le modèle
qu'il conçoit comme le meilleur. Les Chinois pensent bien
sûr au modèle démocratique que Bush instaure
par la force, dans le sens de ses intêrets. Considérons
maintenant la Chine : le pouvoir est centralisé, il est
vrai, mais culturellement, c 'est un pays régionaliste.
Mon pote m'expliquait que par exemple, il n'y pas de langue imposée
en Chine, même si bien sûr, certaines langues sont
indispensables pour gravir les échelons du pouvoir. Donc
voilà, sans pour autant croire que Zhang Yimou soit pro-Bus
h, je crois que dire que ce flim est un film de propagande, c'est
se tromper. Pour ma part, je pense que concernant ce film, il
faut en savourer la Forme et considérer avec amusement
son contenu, de la même manière qu'on lit avec un
demi-sourire tous ces contes séculaires qui font rêver
et qui, accessoirement, sont porteurs de messages relevant généralement
du bon sens et dont on dit, sans trop y croire, qu'ils sont d'une
sagesse infinie. " Claire Ziour |
JET
PRIVE
Les arts martiaux et Jet Li, c'est une histoire d'amour qui
remonte à loin. Déjà tout petit, le gamin
s'adonne à cette pratique qui, en Chine, est également
une philosophie de vie. Jet Li a notamment remporté de
nombreuses compétitions avant de faire ses armes pour
le cinéma.
Premier succès avec Il était une fois en Chine
(du grand Tsui Hark) où le gaillard incarne une figure
de la mythologie populaire chinoise, le Dr Wong Fei-hung, médecin
et maître de kung-fu. Il reprend le rôle qui a assit
sa réputation dans une tripotée des suites, dont
mon préféré : La Secte du Lotus Blanc,
que tout amateur de cinéma asiatique qui se respecte
doit avoir visionné (et où apparaît déjà
Donnie Yen). S'enchaîneront une tripotée de films
de sabre, dont les plus récents, qui jouirent d'une sortie
ciné occidental : Tai-Chi Master, où il
partage la vedette avec la ravissante Michelle Yeoh, et Fist
of Legend, remake (pas terrible, soit-dit en passant) de
La fureur de vaincre avec Bruce Lee. Hollywood lui fait
alors les yeux doux. Pour rajouter quelques zéros au
montant de son compte en banque, Jet distribue des bourre-pifs
à Mel Gibson et Danny Glover dans L'arme fatale 4,
petit mollusque commercial pas bien méchant. Premier
succès. Suivront trois nanars pur souche : Roméo
doit mourir (Jet chez les blacks), The One (Jet chez
les Wachowski) et En sursis (Jet chez les rappeurs).
A l'instar de son comparse Chow Yun-Fat (cf : Le Corrupteur,
Le Gardien du Manuscrit Sacré), l'expérience
américaine se révèle peu fructueuse, artistiquement
parlant - et même carrément creuse, n'ayons pas
peur des mots.
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|
|
Jet
opère donc à un retour aux sources, c'est à
dire au cinéma asiatique, avec Hero, l'un des
rares films poétiques figurant dans son CV (voir critique
plus haut).
Enfin, deux ans après le sympathique Le baiser mortel
du dragon, on retrouvera à nouveau notre chinois
bondissant dans une production EuropaCorp intitulée :
Danny The Dog où il tentera de maîtriser
ses pulsions canines sous la houlette d'un Morgan Freeman aveugle
(un hommage à Ray Charles ?).
Ha oui, pour conclure notre article sur une note potache, j'ai
déniché un film hong-kongais dans lequel joua
Jet Li en 1995, au titre qui fleure bon la vanne de fin de critique
: "My father is a hero". Poilant, non ? [non.
NDLR] #
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Pas de commentaires
pour le moment.
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Hero
(Ying Xiong)
Film chinois, américain (2002). Historique, Drame. Durée
: 1h 38mn.
Réalisation,
production, distribution
Réalisateur : Zhang Yimou
Scénariste : Li Feng, Bin Wang, Zhang Yimou
Producteur : Zhang Yimou, William Kong
Production : Miramax Films, U.S.A., EDKO Film Ltd., Hong-Kong
Zhang Yimou Studio, Chine
Distribution : United International Pictures (U.I.P.), France
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Acteur(s)
Jet Li : Sans Nom
Maggie Cheung : Flocon de Neige
Zhang Ziyi : Lune
Tony Leung Chiu Wai : Lame brisée
Chen Daoming : le roi Qin
Donnie Yen : Ciel Etoilé
Equipe Technique
Compositeur : Tan Dun
Directeur de la photographie : Christopher Doyle
Producteur exécutif : Shoufang Dou, Weiping Zhang
Producteur associé : Zhenyan Zhang
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