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La Nécropole

Egypte - 2200 avant J.C.
Dans son immense palais, la puissante souveraine Akhesenpépy se morfondait. Elle dont la beauté angélique était contée dans tout l'Orient subissait les outrages du temps. Tous les onguents et les fards du Royaume n'y faisaient rien : elle dépérissait de jour en jour, rongée par la vieillesse et la cécité. Elle convoqua alors son mage le Scarabée de Nacre. Ce mage puissant s'était épris d'une servante de la reine, la superbe Dakhla. Akhesenpépy lui ordonna de concocter un élixir de jeunesse, en échange duquel elle lui offrirait Dakhla en mariage… Le sorcier resta de longs mois cloîtré dans son laboratoire et au bout d'un an, alors que sa reine s'enlaidissait chaque jour un peu plus, il trouva la formule de l'élixir. Mais une fois qu'elle l'eut consommé et qu'elle eut retrouvé son visage de jeune femme, Akhesenpépy se rendit compte avec fureur que Dakhla la surpassait par sa beauté. Par jalousie, la souveraine ordonna à ses gardes impériaux de lacérer le visage de sa servante, de trancher la langue du Scarabée de Nacre et d'abandonner le mage dans le désert du Sinaï. Mais retrouvé par des touaregs et poussé par son désir de vengeance, le sorcier parvint à survivre et sous une nouvelle identité, revint au royaume.
Une nuit sans lune, il se faufila dans le palais de la reine et déversa une substance de sa composition dans des amphores. Le lendemain, lors d'un banquet à la gloire de la souveraine, Akhesenpépy et ses plus loyaux sujets burent le maléfique breuvage. Aussitôt, le processus de vieillissement s'enclencha et tous les convives se transformèrent en vieillards décrépis, puis périrent dans la panique la plus totale. Le croyant maudit, les égyptiens fuirent le royaume d'Akhesenpépy. Pourtant, le Scarabée de Nacre connaissait l'effet secondaire de son élixir de vieillissement : le repos de la cruelle souveraine ne serait pas éternel, et nul en ce monde ne devrait jamais la réveiller…

Londres, Angleterre - 1915
La pluie battait les carreaux de l'imposant manoir des Whilges. La sueur au front, Lord Whilges griffonnait avec ardeur quelques phrases sur son carnet de voyage :
" Saqqarah renferme le plus grand des fléaux… Je dois absolument faire disparaître la clef et emporter ce secret dans ma tombe, quel qu'en soit le prix à payer. "
Par l'entrebâillement de la porte de sa chambre, Liz, sa jeune fille, l'observait avec fascination de ses grands yeux noirs. La foudre tonna et Lord Whilges se dressa, tremblant de tout son corps. Il tenait fébrilement dans sa main gauche un bijou représentant un scarabée aux ailes déployées, faites d'or incrusté et de cornaline, et surmonté d'un œil fardé. Enfin, il ôta de sa poche un revolver, apposa son canon sur sa tempe et le chargea sous le regard épouvanté de sa fille. Un éclair miroita sur la parure du scarabée d'or. Lord Whilges pressa la détente de l'arme et s'effondra sur le sol.

Caire, Egypte - 1930
Elle était belle, cette dague en or, gravée à l'effigie d'un scarabée et au manche serti de rubis… Avant de la subtiliser au chef des touaregs, Dariouch s'était dit qu'il pouvait en tirer un bon prix auprès d'un receleur. A présent, alors qu'il courait à perdre haleine dans les rues du Caire, talonné par les bandits dans la foule dense du marché, le jeune égyptien se demanda s'il avait bien fait… Au carrefour d'une ruelle déserte, le garçon tomba nez à nez avec un immense individu tout vêtu de noir, au regard de braise, qui le saisit violemment au cou et le plaqua contre un mur.
" Le poignard, petit. " lui intima-t-il de sa voix sépulcrale.
A un bon mètre du sol, Dariouch tenta de se débattre mais son interlocuteur resserra son emprise, l'étouffant petit à petit. C'est à cet instant précis qu'une voix féminine s'éleva dans la ruelle silencieuse :
" Hey, fiente de chameau… "
Sans relâcher son étreinte, le touareg tourna la tête, visiblement peu satisfait d'être dérangé. Une jeune femme occidentale armée d'un revolver le tenait en joue. Vêtue qu'elle était, à la manière masculine, on l'eut prise pour un homme, de loin, si ce n'étaient ses cheveux blonds détachés et sa poitrine dégrafée.
" Oui, c'est à toi que je parle, continua-t-elle sans perdre son aplomb. Alors, beau gosse, on martyrise la marmaille ? "
D'un geste puissant, l'homme du désert propulsa Dariouch dans un tas de paniers d'osier entreposés là, et dévisagea la femme du haut de ses deux mètres. Un grognement guttural s'échappa de sa gorge sèche. Elle lui rit au nez :
" Si tu crois me faire peur, tu peux toujours courir, traîne-savate à deux dinars… D'une simple pression de cette gâchette, je te renvoie à tes dunes de sable. Ca devrait être suffisant pour te faire reculer, non ? "
Sans se soucier de ces menaces, le touareg vint se placer juste devant elle, alors que Dariouch s'apprêtait à se faire la belle sans demander son reste.
" Apparemment non… " soupira la demoiselle en chargeant son arme. " Tant pis, ça ne fera qu'une cartouche en moins… "
Mais d'un geste véloce, le géant claqua des doigts et dans toute la ruelle apparurent les touaregs, tous vêtus de noir et armés jusqu'aux dents. L'un d'eux se saisit de Dariouch pour l'empêcher de fuir.
" O.K., je vois que tu as appelé tes camarades de jeu, constata l'européenne en baissant son canon. Hé, l'armée des douze singes, je suis sûre que votre boss veut prendre son pied ! "
Aussitôt, elle fit feu et la balle vint se loger dans l'orteil du touareg. Celui-ci tomba à genoux en hurlant, et en prenant appui sur son épaule, la jeune inconnue s'élança dans les airs et se hissa sur un toit d'une vieille habitation. Dariouch profita de l'effet de surprise pour se débarrasser de son agresseur d'un bon coup de savate dans l'entrejambe, et une fois libéré de son emprise, il prit ses jambes à son cou en direction d'un escalier de terre cuite qui menait au toit du logis.
" Rattrapez-les ! Ramenez moi le poignard ! " hurla le chef des bandits en serrant les dents de douleur.
Instantanément, tous les hommes en noir se ruèrent à la poursuite de Dariouch et de la jeune femme. Alors qu'ils courraient tous les deux à perdre haleine, bondissant de toit en toit, le jeune égyptien questionna sa sauveuse :
-Dites, mamzelle, si c'est pas trop demander, c'est quoi votre nom ?
-Liz, dit-elle en tirant dans les jambes de ses poursuivants, Liz Whilges. Et toi, gamin ?
-Dariouch, à vot' service, répondit celui-ci, ôtant derrière lui une passerelle de bois qui reliait deux toitures.
-Ca tombe bien, j'ai besoin d'un guide, continua la jeune femme en bondissant sur la remorque d'un camion militaire poussiéreux qui traversait la route.
Dariouch hésita un moment mais la promiscuité de ses poursuivants le poussa à sauter à son tour. En voyant leurs proies s'en aller, les touaregs pestèrent. Seul l'un d'eux, le plus intrépide, osa bondir à son tour. Il parvint de peu à s'accrocher à la remorque du véhicule, mais quand il s'y fut hissé, Liz Whilges l'éjecta d'un violent coup de pied et il s'écrasa sur un étalage d'oranges.
-Mes amitiés à fiente de chameau, lui cria-t-elle du haut du véhicule.

Une demi-heure plus tard, le camion s'arrêta dans un marché de chameaux. Dariouch et la jeune femme descendirent prestement et remercièrent le conducteur, un américain mal rasé vêtu dans un style militaire, qui les regarda s'en aller avec surprise.
-Alors, mamzelle, où Dariouch doit-il vous emmener ? demanda le jeune égyptien en époussetant sa tunique rapiécée.
La jeune femme lui répondit, tout en se dirigeant vers un stand de bestiaux :
-Le lieu où je dois me rendre se nomme… Saqqarah.
A l'évocation de ce nom, le garçon pâlit.
-La nécropole, balbutia-t-il. Le sanctuaire des damnés…
-Saqqarah suffira, certifia Liz en observant la dentition d'un dromadaire sous l'œil surpris du vendeur.
-Mamzelle, s'exclama Dariouch, c'est le Soleil de l'Egypte qui t'a tapé sur la caboche… Ce lieu est maudit !
-Ma caboche se porte très bien et t'en remercie, plaisanta l'anglaise, tirant une liasse de dinars de sa poche pour payer les deux bêtes. Selon la légende, la Nécropole contient un trésor immense. La moitié pour toi si tu m'y emmènes… Partant ?
En entendant le mot trésor, le garçon se dressa. Resté dans l'ombre, un autre personnage avait lui aussi dressé l'oreille.
-Partant ! confirma Dariouch auquel l'appât du gain avait fait oublier toutes superstitions. Je vous suivrai jusqu'en Enfer s'il le faut !
En montant son dromadaire, la jeune femme murmura entre ses dents :
-Si mon père disait vrai, c'est bien là où nous nous rendons…

Leur voyage dans le désert dura trois jours. Trois jours sous une chaleur accablante, trois nuits à dormir dans les dunes en prenant garde aux serpents et aux scorpions. Bien souvent, Dariouch regardait derrière lui, persuadé d'être suivi. Par qui, il l'ignorait, mais les points qu'il apercevait à l'horizon ne lui disaient rien qui vaille. L'anglaise, elle, ne s'en souciait guère, trop occupée à admirer ce qu'elle appelait " l'océan de sable figé ", le désert, en somme. Rien ne lui faisait peur, et le jeune garçon ne pouvait s'empêcher de l'admirer intérieurement.
Enfin, l'après-midi du troisième jour, Saqqarah apparut dans leur champ de vision, tout d'abord comme un grand champ de pierres, puis petit à petit comme une immense cité tombée en ruines. Ils y pénétrèrent avec appréhension, car le silence qui régnait sur les lieux était inquiétant. Les vieilles légendes revinrent à la mémoire de Dariouch et celui-ci regretta amèrement d'avoir accepté la proposition de l'anglaise. Mais il était trop tard pour faire demi-tour. Ils parvinrent bientôt à ce qui avait du être un palais, et dont les façades étaient ornées de hiéroglyphes. De monumentales piliers d'une vingtaine de mètres le soutenaient, renforçant l'impression de gigantisme qui s'en dégageait. La jeune femme abandonna sa monture à l'entrée, suivit par le jeune égyptien apeuré. Tous deux se faufilèrent dans cette 'forêt de colonnes' et parvinrent jusqu'à une grande porte qui débouchait sur un long couloir de pierre. Liz Whilges s'y engagea prudemment.
" Regarde où tu marches, petit… " conseilla-t-elle à Dariouch, qui la suivait de loin, non sans une certaine inquiétude. Mais alors qu'ils parvenaient à la moitié du couloir, le garçon posa son pied sur une dalle de pierre tremblante et un énorme pieu jaillit d'un mur et lui frôla les cheveux. L'adolescent se figea, le souffle coupé.
" Quelques centimètres de plus et ce pieu embrochait ton crâne comme un morceau de mouton… Si tu tiens à préserver ta bouche comme seul orifice de ta petite tête, je te conseille d'être plus prudent, à l'avenir. " plaisanta l'aventurière en continuant son chemin. Mais le piège qu'avait déclenché bien involontairement Dariouch en avait entraîné un autre, et les murs du couloir se mirent à trembler, puis à se rapprocher l'un de l'autre. Perdant tout son sens de l'humour, la lady se rua sur la sortie en hurlant : " Cours ! ! ! "
Mais Dariouch, retenu par le piège, avait pris du retard et finirait écrasé entre les deux murs si Liz n'intervenait pas… Ayant atteint la sortie, elle ôta aussitôt de son manteau un petit projectile de forme cylindrique, qu'elle avait astucieusement prélevé dans la remorque du camion militaire, et le jeta avec puissance. La grenade roula entre les jambes du jeune égyptien qui redoubla de vitesse. La détonation fit trembler les murs et le garçon fut projeté par le souffle de l'explosion jusqu'à la sortie, alors que derrière lui, le couloir se refermait dans un bruit sourd. La jeune femme l'aida à se relever.
" La prochaine fois, réfléchis à un moyen moins dangereux de me tirer d'un mauvais pas. " lui confia-t-il à bout de souffle, chamboulé par les évènements.
Mais nos deux héros n'étaient pas tirés d'affaire pour autant, car leur chemin était barré par un immense mur.
-La porte des damnés, souffla Liz en extirpant de sa trousse un scarabée d'or qu'elle plaça à l'emplacement prévu à cet effet dans la façade.
Le mur se scinda alors en deux moitiés et s'ouvrit sur une pièce immense et richement décorée. Au centre, autour d'une grande table étaient assis des squelettes en état de décomposition. La frayeur de Dariouch laissa bientôt place à l'appât du gain. En effet, tous les couverts royaux étaient intacts : le jeune égyptien pouvait en tirer un très bon prix.
-Le service devait être sacrément long, plaisanta Liz.
C'est alors qu'un léger cliquetis se fit entendre dans leur dos, et quand ils se retournèrent, quelle ne fut pas leur stupéfaction de découvrir qu'une troupe d'une dizaine de militaires les tenait en joue. Leur chef, un américain, éleva la voix, et Liz le reconnut immédiatement : c'était le conducteur du camion.
-Jeff et Steed, ligotez moi la lady et le mioche... Vous autres, détroussez moi les convives en bandelette. Nous allons récolter notre dû !
Sur quoi il partit dans un grand rire. Liz connaissait bien ces gens là : des militaires en faction désireux de ne pas revenir au pays les mains vides.
-Je savais bien qu'on avait été suivi, pesta Dariouch alors qu'on lui liait les mains avec rudesse.
L'escadron investit la salle bruyamment. Mais alors que les hommes s'approchaient des morts pour les dépouiller, une chose effroyable se produisit. Au bout de la table, une momie de femme coiffée de la couronne de pharaon se dressa sur elle-même et hurla. Son cri atroce et sauvage résonna contre les murs et tous les autres cadavres s'animèrent à leur tour. Epouvantés, les militaires reculèrent vivement mais la reine fut plus rapide : elle saisit l'un d'eux par le cou et lui arracha la mâchoire d'un simple geste. Dariouch et Liz Whilges assistèrent au meurtre, médusés. Les morts se levèrent et assaillirent les vivants avec sauvagerie, profitant de la terreur qui les figeait sur place.
Le chef reprit ses esprits le premier et dégaina deux revolvers de ses étuis, puis fit feu sur les revenants. D'un tir bien ajusté, il fit sauter la tête d'une momie un peu trop entreprenante puis quand il eut vidé ses chargeurs, se jeta dans la mêlée en distribuant coups de crosse à la volée. Hélas, les monstres étaient trop nombreux pour lui, et le militaire se trouva bientôt submergé : son corps disparut sous la masse des morts-vivants dans un hurlement rauque. Les cris de souffrance se répercutèrent dans toute la salle et réveillèrent Liz de sa torpeur. L'armée de damnés ne se souciait pas encore d'eux, elle en profita donc pour entraîner Dariouch vers la sortie. Mais alors qu'elle dévorait vif un soldat, la souveraine défunte les aperçut et crut revoir en Liz le visage d'une ancienne connaissance.
-Dakhla, rugit Akhesenpépy la damnée.
D'un bond prodigieux, elle survola la masse barbare et atterrit face à nos deux héros, bouchant la porte de sortie. Elle ouvrit une mâchoire béante et dégoulinante de sang pour happer la lady mais celle-ci fut plus leste et évita l'étau de ses dents aiguisées. Nos deux héros étaient à présent coincés entre les momies et leur puissante reine.
-Là, on est mal, constata Liz entre ses dents.
Alors que tous les militaires étaient tombés sous les coups redoublés des 'convives en bandelettes' et que Liz et Dariouch sentaient leur fin approcher, une voix rauque s'éleva dans la pièce :
-Akhesenpépy, reine maudite, affronte la colère des serviteurs du Scarabée de Nacre !
Le jeune égyptien et l'anglaise reconnurent l'ombre vêtue de noir et dressée fièrement sur une haute colonne :
" Fiente de chameau " constatèrent nos deux héros d'un même souffle.
Aussitôt, des touaregs armés de sabres et de dagues se ruèrent sur les momies surprises et en décousirent à la volée. Des membres en putréfaction furent débités comme de vulgaires morceaux de bœuf. Mais les momies, en surnombre, étaient immortelles et la bataille tourna rapidement à leur avantage. Ceux qui se trouvaient être en réalité les derniers descendants des nomades venus en aide au Scarabée de Nacre, dans le désert du Sinaï il y a plus de 4000 ans, furent nombreux à succomber.
La reine surprit Liz en l'empoignant par la gorge et en la plaquant contre un mur.
-Dakhla ! répéta-t-elle de sa voix d'outre-tombe.
-Utilise le poignard, petit ! cria le touareg aux yeux de braise à Dariouch.
L'arme subtilisée revint à l'esprit du jeune égyptien et, les mains liées il l'ôta de sa ceinture. La lame d'or miroita et il se précipita sur la souveraine maudite, alors que celle-ci s'apprêtait à lacérer le visage de la jeune anglaise. Elle n'en eut pas l'occasion. Dariouch ne frappa qu'une fois, mais promptement et avec toute la force de ses bras. La souveraine poussa un atroce hurlement qui fit trembler toutes les fondations du palais. Des geysers de poussière jaillirent du plafond et des blocs de pierre s'écroulèrent sur le sol, broyant les revenants sous leur masse de roc.
Le chef des touaregs les rejoint et ils se précipitèrent vers la sortie. Le couloir aux parois amovibles s'était rouvert et ils l'empruntèrent en courant, sans se soucier des éventuels pièges. 'Fiente de chameau' était le plus rapide des trois et il fut le premier à déboucher sur le grand hall des colonnes. Ce fut sa perte car dans sa précipitation, il n'aperçut pas le monumental pilier de pierre qui s'effondrait sur lui. Le touareg au regard de braise poussa un cri de stupeur et fut broyé par la masse de roc sans autres formes de procès. Liz et Dariouch regardèrent effarés l'effondrement progressif de la 'forêt de pylônes' : ils ne pourraient quitter ce lieu vivant. Mais un hennissement les tira de leur abattement : à leur droite, un cheval appartenant sans doute à l'un des militaires et solidement attaché à une obélisque se cabrait de terreur. Pressé par l'écroulement, la jeune anglaise le détacha puis l'enfourcha lestement, saisit Dariouch par le col et le hissa derrière elle.
Enfin, ils partirent au galop, slalomant entre les colonnes qui s'écroulaient. Il s'en fallut de peu pour qu'ils ne fussent écrasés à leur tour et engloutis dans des nuages de poussière. Mais par miracle, ils parvinrent à quitter le palais, pour constater que toute la Nécropole de Saqqarah était aspirée par les sables.
Quelques secondes après qu'ils l'eurent quitté, le sanctuaire disparaissait, absorbé par le désert. Akhesenpépy, souveraine maudite, dormait à présent sous les sables… Nos deux héros purent enfin souffler, et alors que le soleil vespéral se couchait à l'horizon, Dariouch se tourna vers Liz et lui confia :
" C'est la dernière fois que je voyage en votre compagnie, mam'zelle ! "
Il ne se doutait pas que leurs aventures mutuelles ne faisaient que commencer…

Fin - La Nécropole écrit par SKÄ Maori